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Submitted By berkayengin
Words 641
Pages 3
Ce qui différencie l'homme de l'animal est infime. Le commun des gens le délaisse, l'homme de bien le préserve. Les différences n'étant pas nombreuses, dit Wang Fuzhi, au moindre écart, l'homme tombe de ce côté-là (celui de l'animal). Ce n'est pas que les animaux ne connaissent absolument pas les choses : ils ne les comprennent pas clairement. Ce n'est pas qu'ils n'aient absolument, dans leurs espèces, aucune règle de relations ils ne les discernent pas à fond Ce n'est pas qu'ils ignorent absolument l'amour des autres : ils sont incapables de mettre en pratique la bienveillance. Ce n'est pas qu'ils ne cherchent jamais ce qu'il faut faire : ils sont incapables de mettre en pratique le sens du devoir.
Entre l'homme et l'animal il y a tout à la fois des différences si on considère leurs besoins journaliers, le boire et le manger et des cas où ils ne sont pas très éloignés les uns des autres. C'est pour cela que l'homme de bien est toujours tremblant et inquiet : il n'est aucune de ses pensées et de ses actions dans laquelle il ne pense à rechercher ce qui le distingue des animaux. « Il le préserve » veut dire en un mot qu'il préserve [en lui] la voie humaine les différences entre l'homme et l'animal sont très grandes en matière de nourriture et de sexualité.
Ainsi, tigres et loups semblent témoigner de la bienveillance pour leurs petits, abeilles et fourmis semblent avoir le sens du devoir dans leurs relations entre prince et sujets. Mais bienveillance et sens du devoir chez les animaux ne sont en fait qu'apparences et bien éloignés de ce qu'ils sont chez l'homme de bien. « Il faut en toutes choses établir cette séparation, cette cloison d'une immense hauteur. C'est alors qu'on peut dire que "l'homme de bien préserve cette différence". » Quant aux hommes du commun, leur amour pour leurs parents et leur respect pour leur prince ressemblent assez à ce qu'on trouve chez tigres et loups, abeilles et fourmis.
Chez ces animaux, il ne s'agit que d'amour fait d'indulgence et d'un respect inspiré par la crainte et l'intérêt.
La différence qui sépare l'homme de l'animal est en fin de compte la même que celle qui sépare l'homme de bien du commun des hommes. Les gens du commun se comportent en toutes choses comme des animaux, cherchant à se nourrir, à s'accoupler, à prendre leurs aises. S'ils n'y parviennent pas, ils se battent, ou encore, craignant la mort, tremblent d'effroi On pourrait dire que les animaux ont même cœur que l'homme dans la mesure où ils ont une certaine intelligence des choses. Par exemple, le coq annonce le jour qui va venir, le grillon chante en automne, le chameau sait sonder la profondeur des eaux... Bien que, chez les uns et chez les autres, la source de leurs perceptions soit réelle, ce qu'ils perçoivent est différent. Le monde dans lequel ils vivent n'est pas le même. Il y a aussi une part d'éducation chez les animaux, alors que l'enfant, au commencement de sa vie, ne peut se passer de sa mère et doit tout apprendre (parler, marcher, etc.) et devra en outre s'adapter toute sa vie aux circonstances diverses et imprévues dans lesquelles il se trouvera. Il doit à cette fin éduquer non seulement son esprit, mais ses sens.
En somme, l'homme n'est homme que dans la mesure où, sans la renier, il s'écarte de la nature. Le Ciel lui-même en a fait un être à part, puisqu'il lui faut même éduquer ses sens et son esprit.

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