L'espace joue un rôle prépondérant dans les romans de Chrétien de Troyes les deux héros,
Gauvain et Perceval, sont amenés à faire de nombreux déplacements et traversent par conséquent beaucoup de lieux différents. Il s'agit souvent de forêts, de chateaux qui se ressemblent, avec un arrière plan maritime.
Quel sont les espaces majeurs qui structurent le récit du conte du Graal et qu'est ce qui les différencie?
On peut dégager 3 types d'espaces reccurent:tout d'abord l'espace des forets, les espace de vie et d'apprentissage que sont par exemple la cour d'Arthur et certains châteaux et un troisième type d'espace qui relève d'avantage de l'imaginaire et du merveilleux qui forme la château du Graal et le château de la merveille.
I/Forêt:
La forêt est le lieu des rencontres, des aventures, c'est espace omniprésent, est un lieu récurrent.
Le texte s’ouvre au printemps (motif de la reverdie) dans la Gaste Forêt de Perceval. où la mère de Perceval s’est retirée du monde. Lecture P31
Perceval a grandi dans la « gaste forêt », c’est comme le lui apprend sa mère, suite à la blessure de son père : « Il n’eut plus la force de défendre ses grandes terres, son trésor gagnés par vaillance.[...] Ne sachant plus où s’enfuir, votre père fut conduit en litière dans la Gaste forêt où il possédait ce manoir ».
LP31 SUITE >L'accès au château comporte des éléments du merveilleux: d'abord introuvable il surgit tout d'un coup.
A l'intérieur du chateau contraste avec l'extérieur(la gaste pays) l'abondance et le luxe dominent( il est comparé à Beyrouth, on décrit des manteau écarlate et brillant,feu pour 400 personnes...)(si on le compare avec le chateau de Blanchefleur ce château prend un dimension incroyable et magique ce qui renforce la dimension de merveilleux.)
Perceval participe à un repas somptueux.« hanche de cerf de haute graisse au poivre chad, vins clairs et rapeux servis en coupe d'or puis dattes figues noix, muscades poires granades, liqueurs, vin de mûre et sirop claire. »
La scène de l'offre de l'épée a Perceval annonce scène du graal.
La scène du Graal et son cortège renforcent cette dimension merveilleuse.
Le Cortège du graal composé d'une lance qui saigne(d'une blancheur insolite), d'un graal lumineux, dun tailloir d'argent).
LIRE PASSAGE GRLancep235 Lance qui saigne portée par un valet, associée à la blancheur, goute de sang vermeil. >Ici un passage à la fois symbolique et merveilleux
Il a donc une connotation symbolique et irréelle, et qui situe le château du Roi pecheur entre deux mondes, dont l’un serait celui des vivants et du réel, alors que l’autre serait celui du mystérieux.
Perceval n'a pas posé les questions nécessaires, il a gardé le silence.
Cet echec entraine la disparition au matin du chateau et de ses habitants.
Le pont levis se relève brusquement sur ses pas.
Cet épisode est un episode central du roman: C'est après le passage au chateau que son nom lui est révélé grâce à une discussion avec sa cousine qui lui reproche de ne pas avoir posé la question qui aurait pu guérir le roi bléssé et rendre par la même occasion la fertilité au pays.
L'eau comme frontière:
l'eau est un élement réccurent qui fait office de frontière ainsi que d'épreuve pour Gauvain.
" Ainsi chevauche le roussin par les grandes forêts désertes, puis on arrive en terrain plat, près d’une rivière profonde, et si large que nulle fronde, nul mangonneau, nulle pierrière, n’eût lancé outre la rivière ni trait d’arbalète ni plomb. De l’autre côté de la rivière s’élève un beau château de majestueuse ordonnance, et d’apparence forte et riche »
Ici aussi on retrouve une rivière infranchissable. Il y a eu trois franchissement d’une rivière correspondent à une progression.
Il y a une progression du héros dans la manière dont on Gauvain la barrière d’eau : la 1ère fois sur un pont et sans son cheval la 2ème fois sur une barque, avec son cheval
la 3ème fois au-dessus, avec son cheval.
Lors du premier passage, pour amener son palefroi à l’Orgueilleuse de Logres, Gauvain court courir le risque le plus grave qui soit pour un chevalier : celui de se trouver sans monture. Mais progressivement, Gauvain parvient à se détacher de l’emprise de la Pucelle : alors qu’elle l’invitait à monter dans sa nef pour passer le fleuve, toujours sans son cheval, mais avec le roussin, tandis que le neveu de Gréorréas chevauche le Gringalet. Chrétien nous laisse pressentir la perfidie de cette proposition :
p. 175 : « La demoiselle s’est embarquée, le cœur empli de trahison, elle attire son palefroi comme elle l’a fait maintes fois.
« Vassal, dit-elle, descendez, et embarquez-vous avez moi, sans oublier votre roussin qui est plus maigre qu’un poussin. Vous détacherez ce chaland. Si vous ne passez la rivière, on devra vous enterrer, ou vous jeter à l’eau. »
Cependant, Gauvain ne songe pas à fuir, et il traversera le fleuve dans la barque loyale du nautonier, et avec son cheval.
C’est enfin une dernière fois le cas lorsque la Pucelle invite Gauvain à traverser le Gué Périlleux.
Liée à la prouesse du meilleur chevalier, le passage de l’eau signale l’intrusion de la merveille, et l’entrée dans un autre monde. P595 Le gué périlleux a une valeur d’exploit chevaleresque
l’eau est ainsi à deux reprises l’image de la frontière qui sépare le monde des hommes et celui de la Merveille, et plus précisément encore, celui des vivants et celui des morts.
Château des reines
On peut mettre en // le chateau des reines avec Gauvain et celui du Graal, se sont tout deux des espaces merveilleux.
Le thème du lieu « d’où nul chevalier ne revient » apparaît à plusieurs reprises dans le parcours de Gauvain : p. 161 : « Aucun chevalier n’en revient, qu’il aille par champs ou par voie : c’est la frontière de Galvoie que personne ne peut passer avec l’espoir d’en retourner. »
Dans ce château et celui du Graal peuvent les héros y trouvent tous deux des richesses incroyables, ainsi que des évènements inexplicables. Gauvain, retrouve son aïeule, la reine Ygerne, épouse du roi Uterpandragon, et sa mère, la sœur du roi Arthur, épouse de Loth. De l’une et de l’autre, le texte dit qu’elles sont mortes depuis des années. Il s’agit là d’un « lieu d’où nul chevalier ne revient ». Chrétien désigne ici l’Autre Monde, l’Au-delà le monde des morts.
Les habitants du château des reines, comme ceux du château du Graal, attendent un chevalier qui redonnera santé et vigueur aux rois et à leur terres, qui adoubera les valets et mariera les pucelles : p.527
Les défenses qui protègent le château: « Sire, il est très bien gardé. Cinq cents arcs ou arbalètes sont toujours prêts à tirer. Si quelqu’un tentait l’escalade, ces armes ne cesseraient pas de tirer et elles n’en seraient jamais lasses, car elles sont installées dans ce but. [...] Un clerc savant d’astronomie que la reine y amena, a installé dans ce palais de si merveilleuses machines que jamais vous n’en vîtes de pareilles. »
Pendant l'épisode du Lit de la Merveille. Gauvain est victime d’un enchantement : les flèches, par centaines, pleuvent sur lui mais il parvient à les éviter, c’est alors qu’il est attaqué par un lion affamé et cruel qu’il tue, il délivre ainsi le palais et ses occupants des enchantements. P543
Enfin, le nautonnier précise qu’autour du château des Reines s’étend un espace indéfini qui est lui aussi sous l’influence du merveilleux : p. 179 : « Ce ne serait pas votre bien que de rester sur ce rivage car c’est une terre sauvage où se passent des choses étranges »
On peut dire que château du Graal et le château des Reines apparaissent comme symétriques l’un de l’autre, isolés du monde, marqués par la merveille et par la malédiction. Le premier est dirigé par des hommes (le roi Pêcheur, malade), le second par des femmes.
Les châteaux merveilleux constituent un univers marqué par la richesse. Ils ont été bâtis avec des matériaux précieux qui suscitent l’admiration du héros ;
La géographie des deux châteaux merveilleux du Conte du Graal, à savoir le château du Roi Pêcheur et le château des Reines présente des points communs : ce sont deux lieux « d’où nul chevalier ne revient », marqués par le motif du passage de l’eau qui les isole du reste du monde.
Ces châteaux merveilleux sont des espaces symboliques, des lieux d'épreuve.? CONCLUSION:
L'espace tel qui est abordé avec Chrétien de Troyes donne aux lecteurs une vision réaliste du Moyen-Âge, grâce à des descriptions fidèles à la réalité de cette époque.Les notations spatiales rendent compte des réalités géographiques et historiques d'une époque, le XIIe siècle(mention Loire, Beyrouth,,ect..). Cependant, l'espace est aussi emprunt de merveilleux comme dans l'épisode du chateau du graal et celui du chateau de la merveille, ces espaces apportent un dimension d'avantage symbolique au conte du Graal.