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Le Darfour

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Words 9202
Pages 37
Le Darfour, une crise au centre des dynamiques régionales : De l’instrumentalisation des tensions identitaires à l’extension d’une logique mortifère

Sommaire

Partie 1

La « bombe à retardement » darfourienne : une région au cœur des conflits entre le Tchad, le Soudan et la Libye

1. Les intérêts historiques de la Libye au Darfour

a. Une région marginalisée et négligée par le pouvoir central b. Le Darfour dans la « guerre de 30 ans de l’Afrique » c. Les prémisses de l’instrumentalisation de l’arabité

2. Le rôle « des alliances croisées » dans la crise actuelle

a. Le soutien de N’ Djamena aux rebelles darfouriens ou la réactivation des identités claniques b. Le soutien de Khartoum aux rebelles tchadiens ou l’irruption des conséquences de la fragilité du pouvoir tchadien dans la politique soudanaise d. L’extension du conflit à la Centrafrique
Partie 2 L’instrumentalisation de l’identité et la régionalisation d’une nouvelle logique mortifère

1. La transformation d’un conflit sur les ressources en un conflit ethnique

a. L’aggravation des conditions climatiques et la montée des tensions b. « Le conflit du Darfour n’est pas racial » c. La cristallisation de la fracture identitaire

2. L’exportation de la logique « raciale » du conflit darfourien

a. L’exacerbation des identités a traversé la frontière b. Les dangers d’une extension supplémentaire du conflit

Cartes du Darfour

Figure 1 : le Darfour au sein de la région [pic]

Figure 2 : la régionalisation du conflit au Darfour[1] [pic]

Introduction

« Près de 10 000 personnes meurent chaque mois au Darfour tant en raison des massacres que de leur situation de réfugiés » Le Monde, 4 août 2005

Le Darfour, région grande comme la France, située à l’Ouest du Soudan vit dans un état d’insécurité endémique, aussi bien dû aux différentes milices armées qui s’y sont installées qu’aux conditions climatiques désastreuses, comme l’a montré la grande famine[2] sahélienne de 1984-1985. 2003 marque cependant un point déterminant dans l’escalade de la violence, atteignant un niveau jamais atteint jusqu’à alors.

Rappelons les faits[3]. Le 26 février 2003, les rebelles du Darfour prennent le contrôle de Gulu d’un chef lieu du Nord du Darfour. 2 mois plus tard, ils attaquent l’aéroport d’El-Fasher, la capitale de Chamal Darfour, l’une des trois provinces du Darfour.[4] Les rebelles sont organisés en deux groupes : le Mouvement/ armée de Libération du Soudan (SLM/A) et le Mouvement pour la Justice et l’ Egalité (MJE). Pour mater la rébellion, Khartoum envoie l’armée. Ses raids aériens sont appuyés par les Janjawids[5], des milices arabes à cheval, pratiquant une terrible politique de terre brûlée. Alors que le Soudan sortait tout juste de sa seconde guerre civile débutée en 1983[6], commençait ce qui allait constituer une des plus grandes catastrophes humanitaires en ce début de XXIème siècle

Une fois de plus, pour ce que Gérard Prunier appelle les « spécialistes-minute »[7] , il s’agit d’une guerre ethnique : d’un côté, des chrétiens africains organisés au sein du SLM/A et du JEM , de l’autre les Janjawids arabo-musulmans , soutenus par Khartoum. Cependant, tout comme pour les deux guerres civiles qui ont ravagé le pays, la réalité est beaucoup plus complexe. Les causes des conflits sont multiples et non seulement racio-religieuses, comme les explications simplificatrices et donc dangereuses tendent à le montrer. Au contraire, la question ethnique et religieuse, instrumentalisée à souhait, viendrait seulement se superposer sur des clivages à l‘origine politico-économique. Cette simplification de la réalité n’est cependant pas bénigne car « face à des clichés véhiculés par la presse, on en arrive ainsi à répéter des « vérités » aussi sommaires qu’éculées qui deviennent au bout d’un moment une sorte de vulgate ronronnante dont il est difficile de s’éloigner »[8]. Cette manipulation est d’autant plus dangereuse qu’elle touche à la sensible question de l’identité et l’ethnicité dans des nations encore trop jeunes pour être solides, soumises à une fragmentation ethnique causée par la délimitation artificielle des territoires issus de la colonisation.

Depuis 2005, les médias, cette fois-ci à raison, parle des dangers de la « régionalisation » du conflit du Darfour au Tchad et en Centrafrique. Par ceci, on entend donc l‘extension du conflit au delà des frontières qui le limitaient, lui et ses conséquences, à la seule province soudanaise du Darfour. Celle-ci serait donc le point de part d’une diffusion de la violence et des conflits dans les régions frontalières. Cependant, ce que nous allons nous attacher à démontrer ici, c’est que, au contraire, le Darfour n’est pas « l’élément 0 » de la régionalisation du conflit actuel mais qu’au contraire, il a toujours été imbriqué dans les conflits dont il n’était pas un acteur volontaire. Plus qu’un point de départ, la crise du Darfour est l’aboutissement de son imbrication dans les différents conflits pour la conquête du pouvoir, en particulier tchadien, qui ont parcouru la région depuis les années 50. Le Darfour s’est toujours retrouvé dans des conflits aux dimensions régionales, au cœur des « alliances croisées »[9] de la région.

Cependant, parler de régionalisation du conflit au Darfour n’est pas faux si on aborde le problème différemment. Certes, si on étudie le conflit comme le résultat de la volonté politique des différents dirigeants de la région, le Darfour est victime de la régionalisation des conflits qui lui sont à l‘origine extérieurs. Cependant, le conflit du Darfour a ses propres particularités : aux conséquences des conflits étrangers sur le territoire darfourien, viennent s’ajouter les problèmes internes du Darfour. Ceux-ci, comme nous le verrons dans le corps du devoir, ont abouti à l’instauration d’une fracture entre « africains » et « arabes »[10], les conflits se cristallisant autour de ces deux groupes identitaires. C’est cette exacerbation des violences interethniques au Darfour qui est en train de s’étendre au delà des frontières poreuses du Soudan. On ne peut donc parler de régionalisation du conflit du Darfour que dans la mesure où c’est à l’intérieur de celui-ci que se sont développés les conflits entre « africains » et « arabes » qui se propagent actuellement.

Ainsi, pour démontrer ce propos, nous étudierons comment le Darfour s’est retrouvé plongé au cœur des conflits régionaux, devenant par là un lieu de sanctuarisation des conflits. Négligée par le pouvoir central, la population s’est retrouvée prise aux seins des conflits tchado- libyens. Le Darfour fut d’ailleurs officiellement déclaré en guerre dans les années 80. L’instrumentalisation de l’identité arabe n’était cependant pas encore assez claire et cohérente pour que la catastrophe qui débuta en 2003 ne se déclenche. La détérioration des conditions climatiques exacerba les tensions entre nomades et agriculteurs. Conjugué à ceci, la lutte par milices interposées entre le Tchad et le Soudan déclencha l’escalade de la violence. Le fait que les nomades soient majoritairement « arabes » et que les agriculteurs soient majoritairement « africains » aviva les tensions ethniques. L’instrumentalisation de Khartoum des milices arabes Janjawids compléta ce processus.

Comment et pourquoi le Darfour s’est il retrouvé au cœur des luttes pour le pouvoir des différents dirigeants politiques régionaux ? Quelles en ont été les conséquences ? Comment la crise du Darfour est-elle devenue un conflit ethnique ? Quelle est la part du réel et du fantasmé dans la construction de cette grille de lecture ? Comment le conflit identitaire darfourien a-t-il traversé les frontières et quels sont les nouveaux dangers soulevés par ce nouveau type de conflit ?

Si la crise du Darfour est le résultat historique de son imbrication dans les conflits régionaux, c’est bien lui qui est le point de départ de la régionalisation actuelle d’un conflit ethnique. L’histoire du Darfour, victime ou déclencheur des conflits qui agitent la région, ne peut être que régionale.

Partie 1

La « bombe à retardement » darfourienne

Une région au cœur des conflits entre le Tchad, le Soudan et la Libye

La crise actuelle au Darfour a été permise par une longue imbrication mortifère des intérêts de chacun, des longues luttes pour le pouvoir qui ont marqué durablement les populations du Darfour. Elle n’est pas est le point de départ d’une extension du conflit au delà des frontières du Soudan. C’est la nature transnationale des différents conflits qui ont secoué la région qui attisé les tensions au Darfour et non l’inverse. Roland Marchal[11] affirme ainsi être en complet désaccord avec l’idée d’une « régionalisation de la crise » car :

« Le conflit du Darfour revêt depuis l’origine une dimension régionale. Je pense que les crises du Darfour, province soudanaise, et du Tchad sont imbriquées au plus haut point ».[12]

En effet, c’est sur le territoire du Darfour qu’on eu lieu les véritables luttes pour le pouvoir tchadien.

« Si le conflit du Darfour se déroule bien à quelques 1000 kilomètres de la capitale tchadienne, il semble également se jouer dans l’enceinte même du palais présidentiel de N’Djamena. »[13]

Comment est on arrivé à une sanctuarisation des mouvements armés au Darfour ? En quoi le Darfour a été et est encore le lieu de lutte politique et quel a été le rôle des gouvernements dans leur soutien aux différents groupes de rebelles ?

1. . Les intérêts historiques de la Libye au Darfour

a. Une région marginalisée et négligée par le pouvoir central Le Darfour est une région sous-développée car négligée par le pouvoir central. En effet, le Darfour fut un sultanat indépendant du 16ème siècle à 1916, avant de devenir une province du condominium anglo-égyptien (1898- 1956) puis du Soudan indépendant. Le sultanat du Darfour était alors l’un des plus grands royaumes musulmans du Sahel, étape incontournable sur le Dar al-Arbaïn, la « piste des 40 jours » qui traversait le Sahara jusqu’ à Assiout en Egypte. En devenant une province soudanaise, il devenait automatiquement une périphérie, une lointaine province d’un ensemble politique basé sur le Nil. Depuis son intégration au Soudan, aucun développement économique n’a été impulsé pour tenter de pallier la fin du commerce caravanier fondé sur le transit des produits venus soit du centre de l’Afrique soit des régions méditerranéennes. Dès lors, le Darfour a toujours été une province marginalisée du Soudan, négligée par le pouvoir central en termes de développement. Cette négligence fut même institutionnalisée par le système colonial de l’ indirect rule. En effet, cette forme de gouvernement, sous prétexte de respect culturel, permet avant tout une parfaite stagnation des régions défavorisées et ainsi, la construction d’une société à deux niveaux.[14] La politique de l’indirect rule consistait en fait surtout à privilégier les chefs tribaux et féodaux pour créer des clivages plus ou moins artificiels entre les régions du pays.

Beaucoup d’auteurs ont expliqué que le problème soudanais venait entièrement de la dichotomie Nord-Sud, opposant un Nord arabo-musulman à un sud noir chrétien. Cependant, l’évolution à laquelle on a pu assisté entre les deux guerres civiles soudanaises ne corrobore pas cette grille de lecture. La seconde guerre civile fut alors plus « réelle car elle prenait en compte les véritables contradictions nationales »[15] Le ligne de partage ne s’effectue pas entre le nord et le sud mais entre le centre et les régions périphériques marginalisées. « Le Sud Kordoran, le Darfour, le pays Béja et le sud de l province du Nil, culturellement ambigus et autrefois politiquement au « nord », étaient désormais l’objet et le lieu d’affrontement dessinés selon de nouvelles lignes de faille. »[16]

« La révolte armée qui a éclaté au Darfour en février 2003 est le résultat d’un siècle de négligence à l’égard de cette province excentrée de l’Ouest du pays. (….) La rébellion actuelle est donc motivée par la revendication d’un meilleur partage du pouvoir et des richesses au niveau national, au delà de son exigence de rééquilibrage des relations entre les différents groupes ethniques de la région »[17]

« Le Darfour est une vieille blessure qui s’est infectée par la négligence » [18]

Les revendications de la SLA ne sont d’ailleurs pas séparatistes mais pour la création d’un Soudan plus démocratique et plus équitable. Leur déclaration politique initiale le montre bien:

« The Sudan Liberation movement/Army is of the view that Sudan’s unity is of paramount importance, but it should not be maintained and cannot be viable unless it is based on justice and equality for all Sudanese peoples. (...) The fundamental imperatives of a viable unity are an economy and political system that adress the uneven developement and marginalization that have plaungued the country since independance..”[19]

Quoi qu’il en soit, il est clair que le Darfour est une région sous développée car négligée par le pouvoir central. Une telle marginalisation organisée par Khartoum a alors laissé le champ libre aux autres dirigeants des pays voisins, utilisant à souhait le Darfour comme base arrière.

b. Le Darfour dans la « guerre de trente ans de l’Afrique »[20] Le Soudan, partageant ses frontières avec 9 pays dans une des régions les plus pauvres et instables de la planète, s’est retrouvé plongé dans des conflits transfrontaliers qui ont fait éruption autour de lui. Le Darfour s’est ainsi retrouvé pris dans la politique expansionniste du colonel Kadhafi, attiré par la bande tchadienne d’ Aozou, riche en uranium et en manganèse.

Kadhafi, dans sa guerre menée contre le Tchad utilisa donc le Darfour dès 1987 comme base arrière pour attaquer le Tchad et ainsi créer un deuxième front. Le Darfour fut alors victime de nombreuses représailles, comme par exemple le raid de l’armée tchadienne qui eut lieu entre le 17 et le 24 avril 1987 ou bien encore l’attaque de cette même armée en novembre contre les camps des milices tchado-libyennes basés à Kabkabiya, à Assoreif et à Gama où plus de 200 combattants et un nombre inconnu de civils furent tués.[21] Le Darfour fut alors officiellement déclaré en état de guerre, ce qui conduisit à la signature d’ accord en 1989, engageant une période de calme. Cependant ce ci ne fut que de courte durée puisqu’en mars 1990, les combats tchado- libyens reprirent, faisant plus de 600 victimes. Ces luttes débordèrent en ce qui allait devenir la guerre civile darfourienne au fur et à mesure que les milices arabes se remettaient à attaquer les villages africains.

c. Les prémisses de l’ instrumentalisation de l’ arabité En effet, en plus de l’aspect géostratégique régional du Darfour, Kadhafi souhaitait annexer le Darfour en mettant en place une politique de « libyanisation du Darfour »[22] . En envoyant la dénommée Légion arabe, la suprême milice arabe, pour poursuivre l’expansion arabe vers les régions sahariennes riches en minéraux, la Libye n’était pas seulement entrain d’orchestrer une attaque contre le Tchad : elle poursuivait alors une stratégie pan- arabiste visant à chasser les « africains ».

« L’annexion du Darfour à la Libye implique de parvenir à soumettre les tribus négro-africaines (particulièrement les fours) et une prise de contrôle par les tribus arabes. »[23]

La distinction entre « arabes » et « africains » dans un Darfour pluriethnique n’avait jamais été utilisée avant que l’idéologie pan- arabiste libyenne ne la fasse apparaître. Le gouvernement libyen déversaient alors les armes dans les mains des alliés arabes en les encourageant à les terroriser les « africains » récalcitrants à une annexion du Darfour.[24] De plus, en réponse aux attaques de l’armée tchadienne, le gouvernement soudanais fournit des armes aux populations du Darfour pour qu’elle puisse assurer leur protection, privilégiant bien évidemment les tribus « arabes ». Mécaniquement, par ce jeu d’alliances croisées caractéristiques de la région, Hissène Habré soutint les tribus « africaines » du Darfour qui se battaient contre les tribus arabes soutenues par Tripoli.

Habitants du territoire des affrontements, pris au cœur des tensions régionales qui se jouaient chez eux, les habitants du Darfour étaient de plus en plus contaminés par l’atmosphère de violence. Il était quasiment impossible de distinguer ce qui relevait de la guerre civile darfourienne entre pro-syriens et « africains » de la guerre entre le Tchad et la Libye. Ce qu’on appela la guerre de 30 ans africains s’acheva en 1990, lorsque l’allié de Kadhafi, Idriss Déby pris le pouvoir.

La violence qui sévit au Darfour au cours des années 80 est donc étroitement liée aux intérêts libyens. Cependant, la fin de ce qu’on a appelé « la guerre de 30 ans africaine », lorsqu’elle s’acheva en 1990, avec la prise du pouvoir de l’allié d’Idriss Déby, ne signa pas l’arrêt des violences au Darfour. En effet, par un jeu d’ « alliances croisées », le Darfour allait devenir le terrain d’affrontements « tchado-tchadiens ».

1. Le rôle mortifère des alliances croisées dans la crise actuelle

« Alors que Khartoum accuse le Tchad voisin de mener des incursions en territoire soudanais et de soutenir les rebelles, N'Djamena se déclare "en état de belligérance avec le Soudan", l'accusant d'avoir soutenu des rebelles tchadiens qui ont attaqué une garnison à Adré. » Le Monde, 25 novembre 2005

« Signé à Tripoli (Libye), il [l’accord de paix entre le Soudan et le Tchad] stipule "l'interdiction d'utiliser le territoire de l'un pour des activités hostiles contre l'autre". Mais cela n'empêchera pas N'Djamena d'accuser à nouveau Khartoum de soutenir les rebelles tchadiens, après le début d'une offensive lancée contre la capitale, le 13 avril. » Le Monde, 8 février 2006 Les régimes tchadiens et soudanais se livrent en effet à une guerre par milices et rebelles interposés. Le jeu d’ « alliances croisées »[25] qui a lieu au Darfour fait que chaque pays sert de sanctuaire aux opposants du voisin. D’un côté N’Djamena soutient les rebelles du Darfour en lutte contre le pouvoir central. De l’autre, Khartoum arme et donne asile aux ennemis d’un régime tchadien affaibli. Pourquoi ? Les raisons sont avant tout ethniques, historiques et politiques et soulèvent des problèmes liant intimement le Tchad et le Soudan depuis longtemps

a. Le soutien de N’Djamena aux rebelles darfouriens ou la réactivation des identités claniques Les ethnies sont souvent coupées par la frontière entre le Soudan et le Tchad : il en est ainsi, par exemple, des Masalit, groupe « non –arabes » vivant essentiellement autour de Geneina et de l’autre côté de la frontière tchadienne dans la région d’ Abré, des Mahamid, groupe « arabe » vivant dans les régions de Kebkabiya, Saref Omra et Geneina mais aussi d’ Arada au Tchad, et des Zhagawa. Ceux-ci sont une tribu « non-arabes » et vivent dans la zone sahélienne du Soudan et dans la zone saharienne du Tchad. Le fait qu’ils aient été coupés en deux par la frontière tchado- soudanaise explique les particularités de leur histoire récente. En effet, ils ont participé à la guerre civile tchadienne des années 1970 aux côtés d’ Hissène Habré. Ce dernier était parti du Darfour pour prendre le pouvoir à N’Djamena. En 1989, Idriss Déby, conseiller de guerre d’ Hissène Habré, est accusé de préparer un coup d’état contre celui – ci avec l’aide de deux Zhagawas, membre de sa propre ethnie. Seul rescapé, Idriss Déby se réfugie à son tour au Darfour pour combattre son ancien mentor, appuyé et aidé par les Zhagawas du Darfour mais aussi la Syrie. Cela explique en partie l’importance des Zhagawas dans l’actuelle rébellion du Darfour[26] mais surtout leur capacité à trouver au Tchad une base arrière ainsi qu’un soutien financier et militaire. C’est d’ailleurs à N’Djamena qu’a été fondé le SLM/A, principal mouvement rebelle du Darfour, à l’initiative de Zagahwas aussi bien soudanais que tchadiens.

Déby soutient donc ouvertement la guérilla au Darfour pour des raisons historiques mais aussi ethniques. Les identités claniques prennent ainsi le pas sur les identités nationales, qui devienne alors de simples « concepts flottants »[27] auxquels les personnes ont de plus en plus de mal à se rattacher, les luttes politiques des différents présidents tchadiens ralliant non pas des personnes de même nationalité mais des personnes appartenant à la même tribu. Le fait que Déby rêverait de constituer un grand état zhagawa[28] ne fait confirmer cette idée. La lutte pour le pouvoir des différents présidents tchadiens, partis du Darfour, a réactivé la conscience identitaire clanique des groupes ethniques divisés par les frontières.

Le président Déby a à ce titre joué pendant un certain temps un double jeu. Au début de l’insurrection, le président Déby avait apporté un soutien presque total à la politique de répression de Khartoum. Puis, ce ne fut que sous les pressions du Soudan, qu’il avait accepté que le Tchad arrête de fournir armes et appuis tactiques aux rebelles du Darfour, recevant en échange une aide financière. Cependant les rebelles soudanais continuaient à bénéficier de l’aide tchadienne. N’ Djamena, non seulement soutient les rebelles du Darfour en leur apportant un soutien logistique et financier, mais les utilisent aussi pour lutter contre ses propres rebelles et l’armée soudanaise. En effet, à force de se livrer des conflits par milices et rebelles interposés, le Tchad et le Soudan se sont pour la première fois affrontés directement le 9 avril dernier, « une colonne tchadienne appuyée par des blindés ayant attaqué l’ armée soudanaise sur son sol ».[29]

Des hommes avides de pouvoir se sont appuyés sur leur identité clanique pour accéder à la tête de l’Etat tchadien. Dans un tel contexte, les tribus de la région étant séparées entre deux états, le Darfour a pu servir de base arrière protégée pour attaquer le Tchad. Cependant, si des groupes rebelles tchadiens se sont formés, hier comme aujourd’hui, c’est aussi à cause de la fragilité politique du Tchad.

b. Le soutien de Khartoum aux rebelles ou l’ irruption des conséquences de la fragilité du pouvoir tchadien dans la politique soudanaise.
« Une fois de plus, la situation au Tchad est très fragile, alors que c’est un pays dont le rôle est extrêmement important pour la stabilité de l’ensemble de cette zone »[30]

Le régime d’ Idriss Déby est confronté à une rébellion armée depuis le printemps 2006. En effet, le régime clanique de N’Djamena se lézarde, tout comme le montre bien la forte contestation lors des résultats des dernières élections en mai 2006, pourtant remportées avec une large majorité par Idriss Déby. Le président a en effet vu sa base clanique se rétrécir au fur et à mesure, son groupe ethnique, les zhagawa comme nous l’ avons vu plus haut, étant de plus lui même devenu divisé. Représentant seulement 2% de la population tchadienne, les Zhagawa ont profité de la position de Déby et ainsi accédé aux positions les plus importantes de l’état, créant un fort sentiment d’injuste au sein du reste de la population. Les problèmes sont cependant surtout apparus après le congrès du MPS (Mouvement Patriotique du Salut) de Déby en 2003, au cours duquel le président tchadien annonça son intention de postuler à un nouveau mandat en 2006 rendu possible par sa modification autoritaire de la constitution, en dépit des promesses solennelles antérieures de ne pas briguer un troisième mandat. Ceci eut pour effet de « braquer les barons du régime, inquiets de le voir se maintenir à la tête d’un état en déliquescence »[31].

Il existe deux groupes rebelles tchadiens installés au Darfour : le RAFD (Rassemblement des forces démocratiques) dirigé par les neveux jumeaux de Déby, Tom et Timan Erdimi et le FUC (le Front Uni pour le Changement) dirigé par Mahamat Nour et cristallisant actuellement la plus grande force d’opposition à Déby. Nour avait accompagné ce dernier dans la prise de pouvoir en 1990 avant de se retourner contre lui en 1994. Encore une fois, le compatriote d’hier se retourne contre l’ex- rebelle devenu président et vient chercher un appui de Khartoum en s’installant au Darfour. Ce groupe est ouvertement soutenu par le Soudan, dont environ 3000 ressortissants viennent grossir les rangs. C’est d’ailleurs à Khartoum, en mai 2006, que les chefs rebelles tchadiens se sont réunis pour tenter une unification des différentes factions. Ceci s’explique par le fait que le FUC se soit battu au coté de l’armée soudanaise et des djanjawids contre les rebelles locaux. Nour fait en effet partie, bien qu’ayant aidé un zhagawa dans sa conquête du pouvoir, appartient à une ethnie très hostile à ces derniers : les Tama. En aidant Khartoum a maté la rébellion darfourienne, il espérait ainsi bénéficier de l’aide du gouvernement soudanais pour reconquérir N’Djamena. Une tentative de coup d’état échoua ainsi en avril 2006.

Ainsi, quand le Tchad est intervenu indirectement au Darfour auprès des rebelles, c’ était, comme nous l’avons plus haut pour des raisons historiques et claniques, mais également, comme nous le voyons maintenant, pour des raisons politiques. En envoyant ses troupes au Tchad, Idriss Déby voulait protéger sa communauté mais aussi tenter de se débarrasser de la menace Nour. C’est également dans cet optique que Idriss Déby s’est rapproché d’un mouvement rebelle darfourien, le MJS (Mouvement pour la Justice et l’ Egalité), à base zaghawa. « Au Darfour a donc eu lieu une petite guerre tchado-tchadienne (…) qui portait en elle l’extension du conflit ».[32]

c. L’extension du conflit à la Centrafrique[33] Des groupes rebelles ont fait leur apparition dans le Nord du pays. L’actuel président centrafricain, le président Bozizé, avait été installé en mars 2003 grâce au soutien militaire d’ Idriss Déby, sous la bénédiction de Paris. Bien qu’ayant souhaité se tenir à l’écart des troubles qui pourraient le déstabiliser, les règles imparables de la logique des alliances croisées régionales ne lui ont pas laissé le choix de la neutralité. « Ventre moi de l’Afrique », les rebelles, affiliés à leurs homologues tchadiens et donc parrainés par le Soudan, offrent désormais à ces derniers le contrôle d’un couloir pour entrer eu Tchad depuis le Soudan.

Si jusqu’ alors le Darfour avait été victime de la régionalisation des conflits de ses voisins, il va devenir désormais le déclencheur d’une nouvelle sorte de conflit, permis par les différents événement qui ont jalonné l’histoire du Darfour, non plus uniquement dictés par les intérêts politiques des dirigeants mais également par une logique plus sourde et profonde instaurant une fracture quasi-irréparable au sein de la population.

Partie 2
L’instrumentalisation de l’identité
La régionalisation d’une logique mortifère

Le conflit au Darfour, débuté en février 2003, a souvent été décrit en termes religieux et ethniques. Ors appliquer une telle clef de compréhension au conflit du Darfour semble donner une explication réductrice et surtout erronée de la crise. Les réelles causes de la crise du Darfour ont été abordées dans la partie précédente. Cependant, sur ces motifs se sont ajoutés des fondements ethno-religieux. Le cliché que les médias nous ont transmis sur la guerre du Darfour c’est qu’il opposait des populations noires chrétiennes et animistes à des nomades arabes, soutenus par la logique génocidaire de Khartoum dirigé par l’élite arabe. Les milices arabes auraient ainsi pour mission d’exterminer les « africains » du Darfour. « Et le problème avec les clichés c’est justement la part de vérité qu’ils véhiculent et qui leur a donné naissance. » Certes ce mode de compréhension a sa part de vérité mais il ne peut refléter la complexité du conflit. Simplifier à outrance un tel conflit est très dangereux. La part fantasmée du conflit devient de plus en plus réelle jusqu’à devenir la réalité. Réalité au combien dangereuse car mortelle, transformant un conflit aux origines politico-économiques en un conflit ethnique.

1. La transformation d’un conflit sur les ressources en un conflit ethnique

a. L’aggravation des conditions climatiques[34] et la montée des tensions La dégradation de l’environnement, la répétition des sécheresses et l’avancée de la désertification du Nord du Soudan ainsi que l’explosion démographique[35] dans un contexte de grande précarité de ressources et d’absences de politique de développement gouvernemental, ont conduit à des conflits pour l’usage et l’appropriation de du sol entre les nomades et les populations sédentaires.

.La régulation traditionnelle des conflits, fondée sur le respect par les nomades d’itinéraires et de périodes précises de transhumance[36], a en effet commencé à s’effondrer avec la grande sécheresse et la famine du milieu des années 1980. La « géographie morale duelle » d’ Alex de Waal a été transformée. Cette géographie explique que pour les populations sédentaires, le monde est centré sur leur dar ( le territoire tribal traditionnel) alors que pour les nomades, le territoire était une sorte d’ échiquier où alternent des cases pleines où vivent les agriculteurs et des cases vides qu’ils peuvent utiliser pour leurs cheptels. La répétition des sécheresses a bouleversé les schémas et l’équilibre social traditionnel, la disparition des pâturages au Nord poussant les nomades à descendre trop tôt vers le sud.

Les conditions économiques et environnementales, le ressentiment face à la négligence de Khartoum, l’ « arabité » combattante pendant longtemps soutenue par les guérillas tchadiennes qui en faisaient une arme de combat, tout concourraient à faire de la situation au Darfour une bombe à retardement. Dans un tel contexte, les manipulations répétées du paysage ethnopolitique darfourien était profondément malsaines surtout que la confusion était d’autant plus aisée que les « africains » étaient majoritairement agriculteurs et que les « arabes » étaient majoritairement nomades[37]. Des conflits avaient déjà d’ailleurs éclaté à ce sujet, comme par exemple en 1985-86, entre les Fours et les tribus arabes, lancés à la conquête des villages. Ainsi, pour la plupart des Fours, le début du conflit actuel date de la fin des années 80, quand des affrontements eurent lieu avec la quasi-totalité des tribus arabes de la région, celle-ci ayant déjà pour bras armée des milices janjawids. Pour eux, la situation actuelle n’est que l’aboutissement logique du pourrissement de la situation depuis cette époque. Cependant, la nouveauté dans le conflit actuel, c’est que le gouvernement, issu d’un régime militaro-islamiste depuis 1989, soutient ouvertement les populations nomades et instrumentalisent les milices et ainsi, la notion identitaire d’arabité.

b. « Le conflit du Darfour n’est pas racial »[38] Dire que le conflit du Darfour oppose chrétiens à musulmans est complètement absurde. Premièrement, la population soudanaise est musulmane à 70%, contre 25 % d’animistes et 5 % de chrétiens. Et au Darfour, la majorité de la population est musulmane. Dire que le conflit du Darfour oppose « africains » et « arabes » est également faux. En effet, si nombre de tribus continuent d’utiliser leur propre dialecte africain, toutes pratiquent couramment l’arabe. Par ailleurs, toute la population darfourienne est de couleur noire. De plus, « africains », comme « arabes » du Darfour ont été de la même manière marginalisés, les élites arabes du Nil considérant leurs « confrères » darfouriens comme arriérés. La marginalisation du Darfour est économique, régionale et sociale mais pas raciale. « Noirs et arabes sont réunis dans une commune aliénation politique, culturelle et géographique[39] »

En fait, ce qui instaure une distinction au sein de la population est la notion culturelle d’ « arabité », plus réelle que fantasmée, fruit de l’imaginaire collectif. Les arabes sont ceux qui avaient obtenus les armes libyennes pour tuer les « africains », ceux à cause desquelles la guerre civile tchadienne avait envahi le Darfour, les nomades qui venaient détruire les champs des agriculteurs « africains »[40].

« On entra donc peu à peur dans un monde de clichés antagonistes (…). Les « Africains » étaient des égoïstes qui tiraient sur les « arabes » mourant de faim. Les « arabes » étaient des assassins qui acceptaient les armes des libyens pour tuer d’innocents civils « africains ». Le pis, c’est que tous ces clichés avaient une part de vérité. Mais qu’aucun n’expliquait la situation si par « expliquer » on entend la recherche d’un système de causalité. Tous ces clichés étaient partiellement vrais, partiellement faux, mais, même mis bout à bout, n’expliquait rien. Cela dit, dans un monde sauvagement secoué sur ses bases par la sécheresse, la famine, l’ exode et la mort, tous ces clichés acquéraient des degrés de crédibilité partielle et devenaient à leur tour des systèmes de causalité fantasmatique qui « marchaient « , du moins jusqu’à un certain point. »[41]

c. La cristallisation de la fracture identitaire L’alliance entre le pouvoir minoritaire, centré sur la vallée du Nil et la population nomade marginalisée et appauvrie du Darfour, dont l’arabité est elle même discutable comme nous l’avons vu plus haut, est récente. Le conflit du Darfour n’est pas un conflit ethnique mais le résultat d’une instrumentalisation des difficultés économiques et de l’identité, qui s’est traduite par l’appel fait à la mobilisation des milices tribales, les janjawids pour mater la rébellion aux revendications pourtant uniquement politico-économiques, engageant alors le conflit dans une dangereuse voie ethnique et raciale.

Tout autant victimes de la discrimination sociorégionale[42] que leurs concitoyens noirs, les « arabes » du Darfour ne se trouvent du côté de Khartoum que par le jeu de la fausse conscience de l’arabité. Le gouvernement instrumentalise ainsi la notion identitaire d’arabité alors que toutes les populations du Darfour sont à peu près arabisées et qu’il méprise toute la population du Darfour. Sans terre, les nomades « arabes » se rangent également du coté de Khartoum afin de faire partir les « africains » du Darfour, libérant ainsi des dars. Les « africains »[43] ont effet des droits fonciers remontant à l’époque du sultanat dont les « arabes » ne peuvent bénéficier[44]. On assiste ainsi au Darfour à une « exacerbation de l’identité arabe »[45] créant, par opposition à celle-ci, une identité africaine. La fracture n’est pas culturelle ou religieuse mais « clairement identitaire, avec la part de construction fictionnelle que cela suppose »[46].

Les différents groupes politisés qui s’affrontent au Darfour semblent cependant montrer une claire rupture entre « arabes » et « africains ». En effet, du point de vue ethnique, la SLM/A est essentiellement composée de Zaghawas , de furs, ainsi que , dans une moindre mesure de Masalits, de Bertis et de Meidobs. Tous les dirigeants sont zhagawas, à l’exception du président, Abdelwahid Mohamed Nur, qui est fur. Les hommes du JEM sont eux aussi originaires de groupes non – arabes, Zaghawas, Kobes, Meidobs et Masalits.
Les Djanjawids[47] sont quant à eux essentiellement recueillis parmi les groupes revendiquant une identité arabe. Cependant, bien que faisant toujours référence à l’arabité, les djanjaouids ne sont pas une « expression populaire et naturelle des tribus arabes du Darfour, comme les terribles miliciens Interhamwe n’étaient pas une expression organique des Hutus au Rwanda ».[48] Leurs origines sont en effet très diverses, allant des bandits des grands chemins qui opéraient depuis les années 80 aux soldats démobilisés venant de l’armée du Sud en passant par des criminels de droit commun ayant eu droit à des pardons en rejoignant la milice et des membres de petites ethnies arabes qui n’ont pas de dar et donc en conflit avec leurs voisins africains. De plus, on ne peut pas parler réellement dans la réalité d’une grande coalition arabe et anti-noir alors que nombre de groupes arabes du Darfour sont délibérément restés à l’écart du conflit et que des groupes non-arabes comme les Tamas de Mahamat Nour ont longtemps participés aux attaques des djanjawids et que, par exemple, les membres des tribus arabes zagahwas sont présents dans les deux camps. Le conflit n’est donc pas à la base racial mais il l’est devenu, l’identité de chacun se construisant avec ou contre la notion d’arabité.

2. L’exportation de la logique du conflit darfourien

a. L’exacerbation des identités a traversé la frontière. L’attaque des Janjawids sur les populations « africaines » darfouriennes a entraîné l’exode de ces populations au Tchad. D’immenses camps de réfugiés[49] se sont créés près de la frontière. Les attaques des milices arabes traversent depuis 2003 la frontière mais leurs incursions sont devenues de plus en plus fréquentes et violentes depuis les derniers mois de l’ année 2005, avec la détérioration des relations entre les Khartoum et N’ Djamena. Ils attaquent ainsi les populations « africaines » darfouriennes réfugiées de l’autre côté de la frontière. Le recrutement avéré des milices d’enfants dans les camps de réfugiés pour venir grossir leur rang risque de plus d’entraîner une dangereuse militarisation des camps de réfugiés.

Cependant, ces attaques ne visent plus uniquement les camps de réfugiés. Des villages tchadiens sont également attaqués, les milices arabes répétant la même tactique de terre brûlée que celle pratiquées sur le territoire du Darfour. Un des rapports d’ Amnesty international explique ainsi :

« Les incursions des Janjawids ont pour conséquence, au Tchad, de faire disparaître tout le long de la frontière qui sépare les deux pays certaines communautés telles que les Dajos, les Mobehs, les Masalits et les Kajaksas, entre autres . Selon les populations locales, ces attaques comportent des motivations racistes, similaires à celles qui ont été constatées au Darfour, où les Janjawids criaient «Mort aux Noubas» et des menaces comparables, en proclamant que la terre leur appartenait. Cela peut expliquer pourquoi les raids janjawids ont provoqué la destruction totale des villages et le massacre de leurs habitants, quand ces derniers n'avaient pas pris la fuite. Ce schéma semble indiquer que les attaques ne visent pas seulement un gain matériel : elles paraissent plus spécifiquement destinées à briser la résistance des populations locales et à forcer ces dernières à quitter définitivement leurs terres. » [50]

On se trouve donc bien dans la même logique qu’au Darfour. L’escalade le la violence a entraîné une polarisation des identités et une exacerbation des conflits ethniques dans les régions frontalières et à l’intérieur même du Tchad. Les civils tchadiens se réfugient même désormais au Darfour, fuyant les attaques des milices « Rien qu'en mai et juin [2006], plus de 10000 Tchadiens ont traversé la frontière à Tissi pour se réfugier au Soudan, où 7000 Tchadiens vivent déjà dans des camps de fortune. Entre 2000 et 3000 autres ont rejoint des proches dans la ville d'Um Dukhun, dont la population a gonflé de 6000 à 13000 personnes du fait de l'afflux de réfugiés et de personnes déplacées. Certains réfugiés ont pu, sous les auspices du HCR, se rendre à Mukjar, plus loin de la frontière, à l'intérieur du territoire soudanais. »[51]. « Les civils dans l’est du Tchad [se retrouvent ainsi] piégés entre le carnage du Darfour et la spirale infernale qui entraîne le Tchad dans le chaos,»[52]

b. Le danger d’une extension supplémentaire du conflit Le danger actuel est que, le conflit ayant déjà dépassé les frontières du Darfour, risque de s’étendre davantage et de se répandre dans tout l’est du Tchad. La porosité des frontières de la région permet aussi bien leur franchissement des milices que des armes. Si les groupes ethniques tchadiens essentiellement « africaines » ayant souffert des attaques des Janjaouids réussissent à se fournir des armes, le conflit pourrait alors d’étendre de façon dramatique et plonger le pays dans une catastrophique spirale de la violence au fur et à mesure que les ethnies se retourneraient contre elles.

Le Tchad et le Soudan sont des traits d’union entre les deux mondes qui partagent la majorité des pays du Sahel . Ils sont également des pièces maîtresse de la stabilité régionale est africaine. Le Darfour n’est pas la seule région victime d’une situation de déséquilibre entre la population et les ressources, ceci affectant l’ensemble des pays du Sahel. De plus, nombre de pays de la ligne du Sahel sont divisés entre populations musulmanes et populations chrétienne-animistes[53]. Sur ce modèle , les observateurs redoutent l’ activation d’une « prophétie auto-réalisatrice » qui ferait succomber à un modèle artificiel l’antagonisme entre « tribus arabes » et ethnies négro-africaines la bande sahélienne, qui court depuis les rivages de l’ Atlantique, en Mauritanie, jusqu’à la mer rouge. « Le risque réel de voir les pays du Sahel tomber dans ce type d’affrontements les uns après les autres comme des dominos est réel. Raison de plus pour stabiliser le Tchad, qui peut faire barrage contre la contamination », assure ainsi un observateur.[54]

Conclusion

« Aujourd’hui, avec la guerre, chacun s’est replié sur sa tribu. Mais il y a encore une vingtaine d’années, nous étions tous darfouriens »[55]. Le conflit du Darfour, ou devrait plutôt on dire, les conflits du Darfour, ont donc divisé une population unie malgré sa diversité, obligeant les individus à se replier sur les groupes identitaires traditionnels partageant la même origine, la même histoire et la même religion. La guerre a entraîné une fracture identitaire qui n’a jamais été aussi nette. La crise de confiance envers l’état est désormais totale. L’idée d’appartenir à une même entité a été brisée non pas à cause des conditions climatiques attisant les tensions entre société pastorale et nomades remettant en cause les lois du système traditionnel sur lequel s’était basé l’ équilibre social darfourien mais par l’ instrumentalisation de l’identité de chacun. La violence, qu’elle soit exercée ou endurée, a installé une fracture désormais sans doute irréparable entre deux groupes de personnes. Les différences n’avaient pas nuit à leur cohabitation, la population soudanaise ayant même la réputation d’être un peuple tolérant. La notion d’identité est un sujet trop fragile en Afrique pour qu’il soit manipulé ainsi sans que le spectre d’un Rwanda ne soit agité. Les frontières des pays africains séparant bien souvent les ethnies, un repli généralisé sur ces identités traditionnelles ne pourraient qu’encourager des jeux d’alliances transfrontalières, facilitant l’embrasement de la région et l’implication de différents pays.

Le principal danger à leur actuel est la régionalisation de la logique du conflit darfourien rendu possible par le soutien des deux gouvernements, tchadiens et soudanais, des groupes rebelles et des milices armées. Pour l’instant, celle- ci n’a atteint de manière avérée que l’est du Tchad. Le Nord de la Centrafrique commence lui aussi à être touché mais dans une moindre mesure, les populations darfouriennes allant se réfugier de l’autre coté de la frontière tchadienne. Le conflit darfourien prend donc une dangereuse tournure régionale. Interviewé par Amnesty international, Roland Marchal déclara alors, « la clé du conflit est au Tchad »[56]. Selon lui, une sortie de la crise du Darfour passe avant tout par une inflexion de la politique de N’ Djamena, ce qui nous renvoie à l’idée que le Darfour est avant tout victime de la politique de ses voisins. Une résolution nécessaire de la crise afin d’éviter la propagation mortifère des conflits identitaires devra donc passer par une solution régionale où les acteurs de la scène international devront reléguer leurs intérêts économiques et politiques à l’arrière.

Bibliographie

Ouvrages

-Prunier Gérard Le Darfour, un génocide ambigu, La Table ronde, 2005
-Saint Prot Charles, El Tibi Zeina, Géopolitique du Soudan, Etudes Géopolitiques 6, Observatoire d’études géopolitiques, 2006
-Totten Samuel, Markusen Eric, Genocide in Darfur, investigating the atrocities in the Sudan, Routledge, 2006
- De Waal Alexander, Flint Julie, Darfour, a short story of a long war, Institut Africa International, London, 2005
- Drewsky Bruno, Soudan, pour une paix véritable au Darfour, Pantin, Le temps des cerises, 2004

Revues

- Fontrier Marc « Le Darfour ou la tardive découverte d’un nouveau désastre politique et humanitaire », Afrique Contemporaine, février 2005
-Lavergne Marc « L’analyse géographique d’une guerre civile en milieu sahélien » Afrique Contemporaine, février 2005
- Massey Simon, May Roy“Comentary : the Crisis in Chad” African affairs, juillet 2005
- Tubiana Jérome « Le Darfour, un conflit identitaire? » Afrique contemporaine, février 2005

Journaux

- AFP, « La France s'inquiète d'une contagion du conflit du Darfour » Le Monde, 14 novembre 2006

- Bernard Philippe, Kadir Van Lohuizen “La crise du Darfour, qui se propage au Tchad et à la Centrafrique, risque d'embraser la région » 17 novembre 2006, Le Monde

-Bernard Philippe, Kadir Van Lohuizen “La crise du Darfour, qui se propage au Tchad et à la Centrafrique, risque d'embraser la région » 17 novembre 2006, Le Monde

-Hardy Yves « La clé du conflit est au Tchad » La chronique, avril 2007

- Hugeux Vincent “Darfour, Le malheur au long cours de notre envoyé spécial Vincent Hugeux », l’Express, 11 mars 2007

- Leymarie Jean- Philippe, « Ingérence au Tchad », le Monde diplomatique, juin 2006

- Nairobi correspondant, « Attaque de l’armée tchadienne en territoire soudanais » Le Monde, 11 mars 2007

- Nougayrède Natalie, « Chaos au Tchad », Le Monde, 02 janvier 2007

- Peninou Jean Louis, « Désolation au Darfour » Le Monde diplomatique, mai 2004

- Prunier Gérard « Darfour, la chronique d’un génocide ambigu » Le Monde diplomatique, février 2005

- Prunier Gérard« Pays fragile et partielle au Soudan », Le Monde diplomatique, février 2005

- Rémy Jean Philippe, « Les conflits tchado-soudanais, enjeux régionaux et mondiaux », Le Monde, 12 mars 2007

- Rémy Jean – Philippe, « Au Tchad, les risques d'une déstabilisation durable sont plus élevés aujourd'hui" Le Monde 14 novembre 2006

- Tubiana Jérome, « 4 ans de guerre au Darfour », La chronique, avril 2007

Internet

-www. Afrika.com
« Le conflit du Darfour n’est pas racial », interview de Marc Lavergne par Saïd Aït-Hatrit, 16 juillet 2004
-www. Solidarités.com
« Darfour : les enjeux meurtriers du conflit », Jean Nanga, 19 octobre 2007
- www. lemonde. fr
Chronologie du conflit « la tragédie du Darfour », 17 mars 2006

Rapports

- « Tchad : « sommes-nous citoyens de ce pays ? » Les civils tchadiens laissés sans protection face aux attaques des janjawids ». 20/01/2007 Amnesty International
-« Soudan : Un besoin criant de sécurité » 2006 05/10/2006 Amnesty International
-« Tchad/ Soudan : les violences du Darfour atteignent le Tchad » 28/06/2006 Amnesty international
-« Les Milices janjawids du Soudan attaquent certaines ethnies au Tchad « 20/06/2006 Amnesty International
-« Qui arme les auteurs des graves violations au Darfour » 10/06/2004 Amnesty International
- « Le Darfour en feu » avril 2004, Human rights watch

Annexes

Annexe 1 : L’islam en Afrique

[pic] http://www.lib.utexas.edu/maps/africa/africa_islam_87.jpg

Annexe 2 : Le Darfour dans le Soudan

[pic] http://a1692.g.akamai.net/f/1692/2042/7d/bichique.blog.lemonde.fr/files/darfour.jpg

Annexe 3 : La rébellion du Darfour

[pic]

http://www.reliefweb.int/rw/RWB.NSF/db900LargeMaps/SKAR64GERJ?OpenDocumet

Annexe 4 : Situation humanitaire et mécanisme d’observation de cessez-le-feu

[pic] http://www.reliefweb.int/rw/RWB.NSF/db900LargeMaps/SKAR64GERH?OpenDocument

Annexe 5 : Répartition ethnique et religieuse au Tchad

[pic] http://www.lib.utexas.edu/maps/africa/chad_ethnic_1969.jpg

Annexe 6 : Répartitions ethniques du Darfour

[pic] http://ecjs.stlouis.stemarie.chez-alice.fr/darfour.g

Annexe 7 : Les camps de réfugiés du Darfour

[pic][pic]

http://www.usaid.gov/locations/sub-saharan_africa/sudan/images/satellite/index.html

Lavergne Marc « L’analyse géographique d’une guerre civile en milieu sahélien » Afrique Contemporaine, février 2005

Chronologie

2003 • 26 février : des rebelles prennent le contrôle d'un chef-lieu du Nord-Darfour et de sa capitale, Al- Facher. Création du MJE et du SLM /A

2004 • Avril : un cessez-le-feu est décrété, les violences se poursuivent pourtant • Mai: selon le journal allemand Die Welt, la Syrie aurait testé des armes chimiques au Darfour. La délégation syrienne aurait notamment « offert une coopération étroite dans le domaine de la guerre chimique ». De son côté, Khartoum aurait conseillé de tester des armes chimiques sur la population du Darfour. • 3 juillet : lors de la venue à Khartoum du secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, constatent que peu de progrès ont été réalisés malgré les promesses du gouvernement soudanais et que des « attaques de milices djandjaouids continuent d'avoir lieu. » • 23 juillet : l'ONU estime à 30 000 le nombre de personnes tuées en quinze mois et à plus d'un million les déplacés. Près de 200 000 d'entre eux se sont massés dans des camps de l’autre côté de la frontière tchadienne. • Début août : L'Union africaine (UA) déploie 300 soldats au Darfour, effectif qui sera porté quelques mois plus tard à 2 000 afin de protéger la centaine d'observateurs chargés de vérifier l'application du cessez-le-feu, mais aussi "les populations civiles". • 23 Août : début des discussions avec les milices, organisées par l’Union africaine, qui seront suspendues dès décembre pour ne reprendre que 6 mois plus tard. • 18 septembre : Le Conseil de sécurité de l'ONU adopte une résolution sur le Darfour (résolution 1564), prévoyant des sanctions pétrolières envers le Soudan s’il ne remplit pas l'engagement de restaurer la sécurité au Darfour. Résolution rejetée par le premier ministre soudanais.

2005 • 9 janvier : signature à Naivasha (Kenya) d'un accord de paix entre Khartoum et les séparatistes du Sud-Soudan, mettant fin à une guerre qui, en deux décennies, a causé la mort de 1,5 million de personnes • Fin janvier: bombardements faisant une centaine de morts et de blessés à Changil Tobaya au Nord du Darfour par l’armée de l’air soudanaise. • 31 janvier : la commission d'enquête internationale sur le Soudan de l'ONU publie un rapport qui conclut que les exactions perpétrées au Darfour constituent bien « des crimes contre l'humanité », mais pas un génocide. • 29- 31 mars : embargo sur les armes pour les rebelles étendu au gouvernement. Le Conseil de sécurité de l'ONU adopte la résolution nº 1593 sur la question du Darfour. Elle renvoie la situation à la Cour pénale internationale pour que celle-ci engage des poursuites à l'encontre des responsables des crimes commis. • Novembre/ décembre : Alors que Khartoum accuse le Tchad voisin de mener des incursions en territoire soudanais et de soutenir les rebelles, N'Djamena se déclare "en état de belligérance avec le Soudan", l'accusant d'avoir soutenu des rebelles tchadiens qui ont attaqué une garnison à Adré.

2006 • 8 février : accord de paix Tchad/ Soudan qui stipule "l'interdiction d'utiliser le territoire de l'un pour des activités hostiles contre l'autre". • 3 avril : l’envoyé de l’ONU est empêché d’aller au Darfour • 5 mai : Accords d’ Abudja entre l'Armée de libération du Soudan (ALS) et le gouvernement soudanais après 20 mois de négociations sous l’égide de l’ UA. • 31 aout : L’ONU autorise la création d’une force de maintien de la paix, refusé catégoriquement par le Soudan. • 17 septembre : journée Mondiale pour le Darfour • Octobre/novembre : La crise du Darfour s'étend au Tchad voisin et à la Centrafrique. Les attaques dans les camps de réfugiés au Tchad ont lieu, les milices armées opérant comme au Darfour.

2007 • 29 janvier : A l'ouverture du 8e Sommet de l'Union africaine (UA) à Addis-Abeba, le président de la commission de l'UA, Alpha Oumar Konaré, a demandé aux autorités soudanaises d'"arrêter les massacres et les bombardements" au Darfour. Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, appelle à "construire un consensus pour le déploiement urgent d'une force ONU-UA", en précisant : "Nous devons travailler ensemble [et] nous attaquer à la dimension régionale de la crise."

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[1] http://news.bbc.co.uk/2/hi/africa/6213202.stm
[2] Cette famine a duré d’ août 1984 à novembre 1985. Les populations l’appellent la maja’a al-gatila , c’est à dire « la famine qui tue », pour la distinguer des disettes « courantes » qui tuent beaucoup moins de personnes. En effet, elle a provoqué la mort d’environ 95 000 personnes sur une population totale qui devait compter à l’époque entre 3 et 3, 5 millions d’habitants.
[3] Cf. annexe 3
[4] En 1994, le Darfour fut divisé en trois États fédéraux au sein de la République du Soudan : Nord (Chamal), Sud (Janoub), et Ouest (Gharb) Darfour
[5] Janjaouids est traduit de différentes manières « hommes armés à cheval », « cavaliers du diable, armés de kalachnikovs »…
[6] La première guerre civile soudanaise opposant le Nord et le Sud s’est achevée en 1972 avec la signature des accords d’ Addis- Abeda. La seconde guerre civile a été clôturé par un accord de paix a été signé en 2005 entre le gouvernement de Khartoum et l’APLS de[1] John Garang.
[7] Prunier Gérard, Le Darfour, un génocide ambigu, La Table Ronde, 2005
[8] Prunier Gérard, Le Darfour, un génocide ambigu, La table ronde, 2005
[9] Rémy Jean-Philippe « Les conflits tchado- soudanais : enjeux régionaux et globaux » Le Monde 12.04.2007
[10] Nous utiliserons ces deux termes tout a long du devoir uniquement en les mettant entre guillemets, car comme nous l’étudierons, cette distinction est beaucoup trop grossière pour représenter correctement la réalité.
[11] Chargé de recherche au CNRS/CERI, spécialiste de l’Afrique centrale et orientale.
[12] « La clef du conflit est au Tchad », interview de Roland Marchal, publié par La Chronique, avril 2007, propos recueillis par Yves Hardy.
[13] « La clef du conflit est au Tchad », interview de Roland Marchal, publié par La Chronique, avril 2007, propos recueillis par Yves Hardy.
[14] Ceci est la vision des adversaires de l’indirect rule, ses défenseurs clamant que l’exercice du pouvoir colonial au travers l’intermédiaire d’autorités locales dont la forme et le fonctionnement seraient entièrement empruntés aux institutions indigènes est celle respectant le mieux les particularités culturelles de chacun.
[15] Prunier Gérard Darfour, un génocide ambigu, Table ronde, 2005
[16] Prunier Gérard Darfour, un génocide ambigu Table ronde, 2005
[17] Lavergne Marc « L’analyse géographique d’une guerre civile en milieu sahélien »
[18] Propos issu de l’entretien d’ Omar Hassan al Bachir, actuel président du Soudan, recueillis dans Géopolitique du Soudan, Charles Saint Prot, Zeina el Tibi, Etudes géopolitiques 6
[19] Salih Mohamed, Understanding the conflict in Darfour, CAS occasional paper, University of Copenhagen, 2005
[20] J. Millard Burr et R. O. Collins Africa Thirty years war : Lybia, Chad and the Sudan, cité dans Darfour, un génocide ambigu Gérard Prunier
[21] Afrique Défense, décembre 1987, cité dans Darfour, un génocide ambigu, Gérard Prunier
[22] Le Monde ,14 février 1987, cité dans Darfour, un génocide ambigu, Gérard Prunier
[23] « Guerre secrète au Darfour » La lettre de l’océan indien, 15 avril 1989
[24] Le DDF (Darfur Development Front), mouvement régionaliste de défense et de promotion des intérêts darfouriens crée en 1964), lutta contre la présence libyenne au Darfour.
[25] Nougayrède Natalie « Chaos au Tchad » L’ Express 02.01.07
[26] D’anciens officiers de la garde présidentielle d’ Idriss Déby ont fait leur réapparition en commandants militaires dans la rébellion darfourienne.
[27] Rémy Jean-Philippe « Les conflits tchado- soudanais : enjeux régionaux et globaux » Le Monde 12.04.2007
[28] Projet visant à faire face aux difficultés internes du Tchad mais fortement combattu par les autres tribus influentes du Darfour, les Fours et les Massalits.
[29] Le Monde 11.04.07
[30]Propos tenu par Michèle Alliot-Marie, cité dans « Ingérence à l’ancienne au Tchad », Leymarie Philippe, Le Monde diplomatique, janvier 2007
[31] Rémy Jean-Philippe « Les conflits tchado- soudanais : enjeux régionaux et globaux » Le Monde 12.04.2007
[32] Rémy Jean-Philippe « Les conflits tchado- soudanais : enjeux régionaux et globaux » Le Monde 12.04.2007
[33] Les sources sont encore peu nombreuses sur ce sujet , il était cependant indispensable d’ aborder ce problème, ne serais-ce que brièvement.
[34] Cf. . Annexe 8
[35] La province compte 6 millions d’ habitants, soit deux fois plus qu’il y a 20 ans.
[36] Cf. Annexe 9
[37] Cf. Annexe 6
[38] Marc Levergne, spécialiste du Soudan au CNRS, ancien directeur du centre d’ études et de documentation de Khartoum de 1982 à 1988 dans un entretien « le conflit au Darfour n’est pas racial » publié sur www.afrika.com
[39] Prunier Gérard, Le Darfour, Un génocide ambigu, Table ronde, 2005
[40] Cette distinction entre nomades et sédentaires reste elle aussi assez étanche, des tribus actuellement sédentaires et agricoles, comme par exemple les Arawats et les Massalits, ayant elles mêmes étaient nomades auparavant.
[41] Prunier Gérard, Le Darfour, Un génocide ambigu, Table ronde, 2005
[42] En fait, les Arabes sédentaires de la vallée du Nil (qui se nomment eux-mêmes awlad al-beled) méprisent leurs cousins arabes nomades du Darfour, qu’ils considèrent comme des sauvages arriérés.
[43] Darfour signifie d’ailleurs littéralement « le pays des fours », principale communauté non arabe installée au Darfour.
[44] Cf. Annexe 10
[45] Tubiana Jérôme, « Le Darfour, un conflit identitaire ? »
[46] Tubiana Jérôme, « Le Darfour, un conflit identitaire ? »
[47] « (a) generic term to describe Arab militias acting, under the authority, with the support , complicity or tolerance of the Sudanese State authorities, and who benefit from impunity for their actions » Report of the international Commission of Inquiry on Darfur to the United Nations Secretary General, 25 January 2005.[48]
[49] Prunier Gérard « Darfour, la chronique d’un génocide ambigu » La Table ronde, 2005
[50] Annexe 7
[51] TCHAD /SOUDANLes violences du Darfour atteignent le Tchad Les milices janjawids du Soudan attaquent certaines ethnies au Tchad
[52] TCHAD /SOUDANLes violences du Darfour atteignent le Tchad Les milices janjawids du Soudan attaquent certaines ethnies au Tchad
[53] Peter Takirambudde, directeur de la division Afrique à Human Rights Watch
[54] Cf. annexe 1
[55] Bernars Philippe « La crise du Darfour risque, qui se propage au Tchad et en Centrafrique, risque d’ embraser la région » Le Monde, 17.11.07
[56] Propos d’un des principaux chefs traditionnel du Darfour, cité dans « Darfour, 4 ans de guerre » La Chronique, numéro 245, avril 2007
[57] « La clef du conflit est au Tchad », interview de Roland Marchal, publié par La Chronique, avril 2007, propos recueillis par Yves Hardy.

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History of Architecture Reviewer

...Architecture Comprehensive Examination Reviewer HISTORY AND THEORY OF ARCHITECTURE 1. The ornamental blocks fixed vertically at regular intervals along the lower edge of a roof to cover end tiles. a. ancones c. acroteria b. Antifixae 2. A continuous base or structure in which a colonnade is placed. a. stereobate c. stylobate b. Torus 3. The market in Greek architecture. a. Megaron c. agora b. Pylon 4. The smallest among the famous pyramids at Gizeh. a. Pyramid of Cheops c. Pyramid of Chephren b. Pyramid of Mykerinos 5. The largest outer court, open to the sky, in Egyptian temple. a. Sanctuary c. Irypaetral b. Irypostyle 6. The inner secret chamber in the mastaba which contains the statue of the deceased family member. a. Pilaster c. serdab b. Sarcophagus 7. The grandest of all Egyptian temples. a. Palace of Sargon c. Great temple of Ammon, Karnak b. Great temple of Abu-Simbel 8. The principal interior decoration of early Christian churches. a. stained glass c. painting b. mosaic 9. In early Christian churches, it is the covered space between the atrium and the church which was assigned to penitents. a. baldachino c. narthex b. apse 10. A dome placed on the drum. a. simple c. compound b. superpositioned 11. The architect of a church of Santa Sophia Constantinople, the most important church in Constantinople. a. Ictinus and Callicrates b. Apollodorous of Damascus and Isidorous on Miletus c. Anthemius of Tralles and Isidorous of Miletus 12. The second largest medieval cathedral...

Words: 19682 - Pages: 79

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Les Miserables: Journal Entries

...Les Misérables: Journal Entries Fantine: * Theme: “You have left a place of suffering. But listen, there will be more joy in heaven over tears of repentant sinner than over the white robes of a hundred good men” (Page 27) * Heaven is gladder when sinners forsake of its sins, than with the good men just being the same all throughout. “He lived peaceable, reassured, and hopeful, having but two thoughts: to conceal his life, and to sanctify his life: to escape from men and to return to God.”(Page 72) * He wanted to change his life, but still the natural man is still part of his mighty change of heart. Every time he would always have two thoughts: which is the desire of changing, and the other is the natural man that wants to rebel again. * Character: “See here! My name is Jean Valjean. I am a convict: I have been nineteen years in the galleys. Four days ago I was set free, …… I went to an inn, and they sent me away on account of my yellow passport …… I am very tired—twelve leagues on foot, and I am so hungry. Can I stay?” (Page 17) * Jean Valjean described himself in this quotation, he sees his life as an empty glass no one is accepting him after hew as set free. He then said, his tired of trying his chance to accommodate himself with people, but people is pushing him away on his yellow passport. “He thought he saw himself, older, doubtless, not precisely the same in features, but alike in attitude and appearance...

Words: 2317 - Pages: 10

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Les Miserables Movie Guide

...Les Miserables is a movie about people with miserable lives. Each of them has a unique story that portrays why their lives are miserable. The sacrifices and pains of the lead characters in this movie are intense and breathtaking. Jean Valjean is a convict in a French prison. He’s been serving his sentence for 19 years for stealing a loaf of bread for the daughter of his sister that was starving to death and trying to escape prison as well. Javert a police inspector is keen enough to hover over prisoner 64201—Valjean. Javert then grants Valjean his parole since his sentence is over. The parole has itineraries for which Valjean must abide at all times. It includes the yellow badge that Valjean shall wear at all times to show people that he is a dangerous man. Depite Valjean’s freedom there is still something missing that he doesn’t seem to find out what could it possibly be. He tried to apply for jobs but was rejected for carrying the badge. He becomes hopeless and even stole a silverware from Myriel—a presiding bishop. Myriel gave refuge to Valjean and covered for his misdeeds. Valjean then hides beneath the name of Madeleine. He then manages and owns a manufacturing company in the town of Montreuil-sur-mer. This made him wealthy enough to try to bring up the town’s prosperity. Fantine fell in love, got pregnant and the man she fell for eventually abandons her and their child. She then traveled to the town of Montfermil with her child, Cosette. She made a deal with Monsieur...

Words: 1251 - Pages: 6

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Erie

...Cité Industrielle, urban plan designed by Tony Garnier and published in 1917 under the title of Une Cité Industrielle. It represents the culmination of several philosophies of urbanism that were the outgrowth of the Industrial Revolution in 19th-century Europe. The Cité Industrielle was to be situated on a plateau in southeastern France, with hills and a lake to the north and a river and valley to the south. The plan takes into consideration all the aspects necessary to running a Socialist city. It provides separate zones for separate functions, a concept later found in such new towns (see new town) as Park Forest, Ill., and Reston, Va. These zones—residential, industrial, public, and agricultural—are linked by location and circulation patterns, both vehicular and pedestrian. The public zone, set on the plateau much in the manner of the Hellenistic acropolis, is composed of the governmental buildings, museums, and exhibition halls and large structures for sports and theatre. Residential areas are located to take best advantage of the sun and wind, and the industrial district is accessible to natural power sources and transportation. The “old town” is near the railroad station to accommodate sightseers and tourists. A health centre and a park are located on the heights north of the city, and the cemetery to the southwest. The surrounding area is devoted to agriculture. The plan itself is clearly in the Beaux-Arts tradition, tempered by a natural informality possibly derived...

Words: 3525 - Pages: 15

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Lei Miserables

...Louiemar C. Francisco BSA 2-3 “Look down, and show, some mercy if you can. Look down, look down, upon your fellow man” – lei miserables I remember this line at the start of the movie and this make me say “wow” without thinking. My favorite movies are those that there are slaves and they will rise and revenge to their masters, something like that. And with that song, I got a clue that lei miserables would be one of my favorites. Honestly I have not read the story of lei miserables that’s why I don’t know if I could I understand the movie. Luckily, my brother watched with me and he narrates me the story while I am watching it so I am able to understand the story. The actors and actresses were able to portray their roles in a creative manner. Acting while singing or vice versa is I think one of the hardest part of being an artist that’s why I praised these characters. They do have many talents aside from acting. I thought those characters all came from a choir. The director was able to describe the setting during the French revolution (18 century), the houses, the firearms, their dresses, their houses, the architectures, the atmosphere, etc, making the movie realistic. The movie is a story love. Love for the country, when a revolution broke out because of the political rule of monarchy (history). I was amazed that all of them even the women and child were united under a single principle that the political rule of France must be given to the people and not to a single...

Words: 635 - Pages: 3

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Cultural Event

...[pic] Cultural Event Week 1 Chris Dahir HUM/100 Ronald Schaffer University of Phoenix May 19, 2009 One of the most unforgettable cultural events I have attended was the musical, Les Miserables, which is set during the early 19th century when France was on the verge of one of their many waves of revolutions. When we arrived at the theater my friend who I was with, ran into a good friend, who also happened to be the manager at the theater that evening. He graciously sat us in seats three rows back from the stage, rather than in the seats we had purchased. The experience was remarkable as we could see every facial expression and the sweat on the brow of each of the actors. I have had the privilege of seeing Andrew Lloyd Weber’s production of Phantom of the Opera twice and each time the play was magnificent, but the experience of watching Les Miz from so close up, gave me a completely different experience, as everything was so much more profound. I have been to concerts, movies, and I have read many books, but my experiences from attending live performances at the theater have been multi faceted and seem to encompass all the others. To address the many scenes and characters in Les Miz would take more words than we are allowed, but I would like to focus in on a scene that takes place between the main character of Jean Valjean and the Bishop of Digne. Jean Valjean was arrested for stealing bread for his sister and her family during a time when the poor were very...

Words: 704 - Pages: 3

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Architecture and Cubism

...focusing in opposite way, by sacrificing the picture itself for the subject matter. The subject matter becomes the most important part of Cubist tradition, while keeping the originality of the idea without transforming it. The maximum effect could be achieved by presenting it, where subject matters to public. The function starts to become the driving force. The cubist tradition in a way of futurist subject could be considered as a rise of new modernism in architecture, which creates the most impressive architecture such as Le Corbusier’ Chapelle Notre Dame du Haut, Frank Lloy Wright’s Guggenheim Museum and Mies Van Der Rohe’s Barcelona Pavilion. All three examples together are clearly intended to show the progress of impressive design in architecture. Both cubist and futurism styles of design produce fascinating piece of architecture, where Futurism helped to produce the most successful architectural development in history. Having thus combined the ideas of Le Corbusier and Braque delivers the point that the generations come up with the successive perfectionism while taking away not only the architecture traditions of their past, as well as stopping to produce out-of -date tools which creates bad things of just using a bad tool, which should be replaced by creating a new...

Words: 300 - Pages: 2

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Oppressedx

...* Les Misérables synopsis: * Ex-convict Jean Valjean is the main character in Victor Hugo’s novel about the injustices of French society, Les Misérables (1862, trans. 1862). * At the time of the novel’s writing, Hugo was living in exile on the island of Guernsey—his home since 1855 when Napoleon III banished him from France. Napoleon censored the press and banished many writers and their works. * In the following excerpt from the novel, Valjean is tending to the dying Fantine, a prostitute and single mother. * Fantine is frantic about the welfare of her only child, Cosette, and Valjean tries to comfort her. Javert—a dogmatic police officer who spends most of the novel tracking Valjean--enters Fantine’s room and frightens her, with tragic consequences. * My feedbacks: * From the bare abstract, the story does not seem to promise much pleasure to novel-readers, yet it is all alive with the fiery genius of Victor Hugo, and the whole representation is so intense and vivid that it is impossible to escape from the fascination it exerts over the mind. * Its tendency is to weaken that abhorrence of crime which is the great shield of most of the virtue which society of today possesses, and it does this by attempting to prove that society itself is responsible for crimes it cannot prevent, but can only punish. * I learned that the bigotries of virtue are better than the charities of vice. * On the whole, therefore, I think that Victor...

Words: 279 - Pages: 2

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Defining Humanities

...humanities. Art Art has long been a means of expressing social or political ideas. Anselm Kiefer took art and brought it to an entirely new level by using his art to bring attention to national identity and collective memory. In the process his art began evolving to include occult symbolism, theology, and mysticism. All of his work shares a common theme of the trauma experienced by entire societies and the continual rebirth and renewal in life. Kiefer’s works are usually designed in a depressive and destructive style in large scale formats. He often uses photography in conjunction with earth and raw materials. Kiefer is known to include names of people o ... One of the most unforgettable cultural events I have attended was the musical, Les Miserables, which is set during the early 19th century when France was on the verge of one of their many waves of revolutions. When we arrived at the theater my friend who I was with, ran into a good friend, who also happened to be the manager at the theater that evening. He graciously...

Words: 877 - Pages: 4

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Functionalism-Sullivan, Lecorbusier

...Function or 'functionalism' in architecture is the defining principle which in its simplest form states that a building or structure should be derived solely from the function it is intended to fulfill. Employed by pioneering modernist architects including Louis Sullivan and Le Corbusier, functionalism, stood alone as the cornerstone of their definitions of honest, pure, and beautiful structure. In Louis Sullivan's 'Kindergarten Chats and Other Writings' he exposes the true inter-correlations at work between function and form (structure): "I suppose if we call a building a form, then there should be a function, a purpose, a reason for each building, a definite explainable relation between the form, the development of each building, and the causes that bring it into that particular shape; and that the building, to be good architecture, must, first of all, clearly correspond with its function, must be its image as you would say." Functionalism as an architectural principle can be traced back as far to the Vetruvian principles of Greek and Roman structure. For Louis Sullivan as well as Le Corbusier form was a mere manifestation of functional principles including the practical considerations of use, material, and structure and not by a preconceived picture in the designer's mind. Born in 1856 Louis Sullivan, deemed by some to be the "father of modern architecture," is credited with the creation of a wide variety of structural masterpieces all of which subscribe to his archetypal...

Words: 923 - Pages: 4

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Loaf of Bread

...the moral dilemma the man must have been facing knowing that stealing is wrong, but also knowing that his family would starve if they were not given food.  I am reminded of my all-time favorite book “Les Miserables”, where Jean Valjean steals a loaf of bread for the sake of his starving family. He knows that stealing is wrong, however, his family will surely die if he does not get them food. He is a hard worker, but still is very poor and the only way to get food is to steal it. He faced an inner conflict regarding the decision to break the baker’s window and steal a loaf of bread but accepted the consequences of doing so because he knew that his sister and her children would die without food and as a result, served many years in prison due to his crime. In today’s society, stealing a loaf of bread will not send you to prison for multiple years, however, it does come with a stigmatism of being known as a thief. This is an inner conflict that the person stealing must accept. The family will deal with the shame of knowing their loved one had to steal for food, which brings a stigmatism to the family by the community and society as a whole.  Thieves are generally looked at as lower class people, poor, dirty, dishonest, and someone who you do not want to associate with. This can by a terrible judgment by the community and society altogether.  The family member who stole the loaf of bread may have been a well-educated person, upstanding in the community, but was dealing with the shame...

Words: 538 - Pages: 3

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Les Miserables: an Analysis

...Les Misérables By Victor Hugo An Analysis by Neyko Gelo L. Dela Cruz, 3-11 August 3, 2015   INTRODUCTION Victor Hugo Victor Marie Hugo, born on February 26, 1802, was a celebrated French author during the Romantic Movement and is best known for his poetry and his novels including The Hunchback of Notre-Dame and Les Misérables. His father served as a high-ranked officer in Napoleon’s army. Since it is against his mother’s wishes, Hugo married Adele, who was his childhood friend, only after his mother’s death in 1821. Hugo’s oldest daughter, Leopoldine, died of drowning when a boat overturned. He described his grief in his famous poem A Villequier. Thereafter, he continued writing poems about Leopoldine’s life and death, and it seemed like he never really moved on from the tragedy. Along with writing poems about the death of his daughter, he also started writing Les Misérables in private. After 17 years, Les Misérables was finally published in 1862. During his latest years, Hugo’s works focused on darker themes like God, Satan and death. Victor Hugo died in Paris on May 22, 1885 and received a hero’s funeral. Les Misérables Les Misérables is an epic novel, historical fiction authored by Victor Hugo and published in 1862. The novel takes place in 1815 until 1832 during the June Rebellion in Paris. Les Misérables talks about the lives of different characters, and in particular, the...

Words: 1430 - Pages: 6

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New South

...Associates. This commission was in Fort Wayne, Indiana for two of his High School friends (The Hanselmanns). The program was set to accommodate a family of 6: 2 adults and 4 children and without further known restrictions which let to many Architectural Intentions. The Hanselmann House is primarily designed as a white double cube with three layered facades. These three layered facades gave the transition between exterior spaces as well as a layering of the façade creating a complexity of form among these transitions. The house is divided into three floors and is mostly white with the exception of the use of yellow, blue, red, and a mural in the ground floor. The most important design principle for The Hanselmann House is the use of 4 of Le Corbusier’s Five Points. The Hanselmann House shows 4 Points through the use of pillars along the Southside of the home and with the elevation of...

Words: 332 - Pages: 2

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Title

...intro fashion ruling every domain of life, definition of "modern fashion" by Lipov lipovertsky, simmel.. GENDER Barthes in his attempt for a semantics of fashion in The System of Fashion, applies the economic system that is brought to the fore by Karl Marx and consisting three categories of production, distribution and consumption to a social institution: fashion. Thus he defines 3 states of clothing: real clothing, represented garment and the used garment. Real clothing is the when the raw material is used and the clothing is first produced as a prototype for its later stages. This real clothing then is provided with a symbolic mise en scène and becomes the represented garment. The image of the cloth performs a mimetic function as well as making the garment into a pleasing sight, or a pleasant arrangement. The used garment is the clothing after its purchase which usually doesn't satisfy the reasons that the represented garment was bought for. Barthes argues that clothes change their meaning and went under transformation at each of these stages. In the case of fashion, the system that Barthes proposes would reveal that these stages of production, distribution and consumption take place all at different locations hence are separated and can take place one after another, moving from one place to other and transform their meanings. However, in the case of architecture, these stages take place all at the same site. There is but one site. After the building is constructed...

Words: 1561 - Pages: 7

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Researching

...Impressionist Movement.  This renowned work of art which illustrates a view of the port of Le Havre in north-western France is considered to be one of Monet’s “most poetic expressions” of his engagement with France’s revitalization efforts after the Franco-Prussian War. Unlike other artworks of the time, the subject matter and specific painting techniques evident in Impression, Sunrise seek to transcribe the feelings initiated by a scene rather than simply rendering the details of a particular landscape.  This act of expressing an individual’s perception of nature was a key characteristic and goal of Impressionist art, and is a common motif found in Monet’s paintings.  While Impression, Sunrise and Monet’s artistic technique fell under harsh criticism at their outset, Monet’s masterpiece gave birth to a new movement and created a revolution in the world of art. Widely regarded as Monet’s single most famous painting, Impression, Sunrise was completed during the late nineteenth century in 1872.  The most significant aspect of the painting is its credit with giving the Impressionist Movement its name.  When the painting was first shown to the public in the L’Exposition des Révoltés—an exhibition independent of the Salon that was organized by Monet, Bazille, Pissarro, and their friends—many critics were extremely disapproving of the rebel group’s work, especially that of Monet.[2] In the April issue of Le Charivari, a critic named Louis Leroy judgmentally entitled his article “Exhibition...

Words: 2537 - Pages: 11