L'actualité récente et les élections législatives ont montré que Twitter n'arrêtait pas de créer le « buzz » sur la toile. Avec plus de dix millions d'utilisateurs à travers le monde, Twitter suscite l'intérêt de nombreuses personnalités et médias mais aussi des journalistes qui l'utilisent davantage comme un outil professionnel. Que peut-on penser de l'utilisation de Twitter par les journalistes professionnels ?

Avant d'émettre une opinion sur cette question il pourrait être judicieux de s'interroger sur l'intérêt pour les journalistes d'avoir recours à un réseau social tel que Twitter. Il convient dans un premier temps de noter que Twitter se démarque des autres réseaux sociaux et notamment de Facebook par le fait qu'il est principalement utilisé comme un outil professionnel et non pas à des fins personnelles. Les journalistes professionnels se servent aujourd'hui de Twitter avec un double objectif: tout d'abord, pour diffuser leurs productions ou celles du journal qui les emploie mais aussi, et surtout, pour trouver des informations « différentes », suivre en temps réel ce qui se passe dans les milieux qui les concerne et vérifier leurs informations. Une enquête réalisée sur plus de 600 journalistes professionnels a montré que moins de 2% d'entre eux ne suivent pas de confrères via Twitter et moins de 3% jugent cela inutile. Le résultat est dans appel: sur Twitter les journalistes parlent aux journalistes, à tel point d'ailleurs que d'aucuns considèrent aujourd'hui Twitter comme le nouveau « club des journalistes ». On peut donc considérer de ce point de vue que Twitter est un outil révolutionnaire qui facilite le travail des journalistes professionnels, notamment au travers d'une utilisation du service comme d'une veille Internet, et permet à l'information de circuler toujours plus vite dans la mesure où Twitter est beaucoup plus rapide que n'importe quelle agence de presse. Le journalisme doit évoluer avec son temps et profiter des opportunités que lui offre un outils tel que Twitter. De plus, l'utilisation de Twitter ne modifie en aucun cas l'essence même du journalisme, au contraire elle ne fait que la renforcer. En effet, la véritable essence du journalisme n'est-elle pas de collecter, vérifier et commenter des informations pour les porter à l'attention du public ? Enfin, Twitter offre la possibilité aux journalistes de traiter l'information avec une vision un peu plus décalée, de se faire connaitre et reconnaitre pour leurs qualités de veilleur de l'information et de se constituer un carnet d'adresse. Twitter apparaît donc, dans un premier temps, comme un outils révolutionnaire au service du journaliste. Ce nouvel outil est-il, en revanche, au service du journalisme ? Peut-on affirmer que l'usage qu'il en est fait par les journalistes est bénéfique à l'information et au journalisme ? De ce point de vue, les critiques sont nombreuses et il semble difficile d'affirmer que l'usage qu'il est fait de Twitter serve l'information et le public. En effet, on ne peut pas dire que Twitter serve l'information dans la mesure où son usage par de nombreux journalistes accentue la tendance de la presse à se concentrer sur « le buzz », les « chiens écrasés » ou encore « l'actualité people ». L'usage de Twitter par les journalistes professionnels peut donc être critiquable s'il se concentre sur le plus bas niveau hiérarchique de l'information au détriment de la véritable information. Par ailleurs, l'utilisation de Twitter par les journalistes peut facilement les conduire à des dérapages voire à des fautes professionnelles. Pour le journaliste, Twitter est un espace de grandes libertés à mi-chemin entre ses obligations professionnelles et ses opinions personnelles. A travers Twitter, les journalistes peuvent alors facilement se laisser aller à la subjectivité et au non respect des règles déontologiques du journalisme. (exemple du cas « Salviac »)

Twitter semble alors être un outils technologique révolutionnaire pour les journalistes. Cependant, comme tout progrès technique, son bien fondé repose sur l'utilisation qu'il en est faite et de ce point de vue, il est plus difficile d'affirmer qu'il serve véritablement le journalisme et l'information.