...FICHE I UTILITARISME, NEO-UTILITARISME ET CRITIQUE SOCIALE Nous avons jusqu'ici observé ce que nous avons appelé des organisations pré-modernes, datant d'une époque relativement ancienne, antérieure à l'époque des Lumières : la Cité grecque, l'abbaye médiévale. Nous avons observé que ces organisations étaient loin d'être anodines : à chacune de leur époque, celles-ci ont fait figure de matrice de la vie collective. Aucune ne relevait prioritairement de la sphère économique. La première obéissait à une finalité éthique et politique, rejetant le travail « hors-les-murs » et s'attachant à définir les membres de l'organisation comme des « citoyens libres », à condition toutefois de s'inscrire dans une vision cosmologique du monde et de confier à d'autres les tâches de production et de reproduction (les femmes, les artisans, les esclaves) ; la seconde poursuivait une finalité religieuse, intégrant des préoccupations économiques, situant le travail manuel dans une hiérarchie sociale précise (séparant moines, frères convers et serviteurs) et définissant les membres de l'organisation comme appartenant à une collectivité plus vaste qu'eux-mêmes, soumises à des lois métaphysiques ou religieuses. Toutefois, le travail intellectuel permettait aux moines les plus éduqués de s'affirmer comme des êtres de raison, disposant des prérogatives du savoir et de la culture. Par ailleurs, nous avons signalé que le XXe siècle avait vu se développer un cas d’organisation – l’organisation génocidaire...
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