Communication Orale Avec Support Visuel Dans Une Situation PéDagogique
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|[pic] | |
| |Université Catholique de Louvain |
| |Faculté de psychologie et des sciences de l'éducation |
|UCL | |
| Université |FOPA - Master en sciences de l’éducation |
|Catholique | |
|de Louvain | |
Communication interpersonnelle
TRAVAIL PERSONNEL DE MASTER 1
|LE SUPPORT VISUEL LORS D’UNE COMMUNICATION ORALE : |
|LE POWERPOINT® EN QUESTION. |
| |
|FOURMAINTRAUX MURIEL |
Tuteur académique : Laura Salamanca Avila
ANNÉE ACADÉMIQUE : 2013 / 2014
Table des matières
Introduction 3 Suis-je dépassée ? 3 Questionnements 4
PowerPoint® : un média omniprésent 5
Histoire et importance de la représentation visuelle chez l’être humain 5
Le point de vue des neurosciences 5
Bref aperçu de l'histoire de l'aide visuelle dans les présentations…………………………………………………………. 6
Principales caractéristiques et utilisations de PowerPoint® : les paradoxes……………………………………………7
Un média numérique et visuel à la structure linéaire et séquentielle………………………7
Un outil aux antipodes de notre fonctionnement physiologique……………………………….7
Les biais cognitifs……………………………………………………………………………………………………..... 8
Conclusion : et si PowerPoint® n’était pas l’outil idéal dans une communication pédagogique ?............................................................................................................................................. 8
Résumé en carte heuristique………………………………………………………………………………………………………………….9
« Ce n’est pas le doute, c’est la certitude qui rend fou. » Friedrish Nietzsche
Suis-je dépassée ?
L’envie d’étudier la question de l’utilisation du support visuel lors d’une communication orale s’est imposée à moi dès le tout début de cette année académique.
Mon expérience universitaire précédente date d’il y a,…, trente ans. J’étais beaucoup plus jeune, fatalement, et, surtout, les possibilités et les formats de la micro-informatique n’avaient rien de commun avec aujourd’hui. Trente ans plus tard, donc, plus âgée, et quelques années d’expériences professionnelles et de vie derrière moi, me voilà de nouveau assise sur les mêmes bancs des mêmes auditoires. Les locaux de cours sont identiques si ce n’est que le tableau noir est caché sous l’écran blanc de projection, les syllabi ont fait place à l’Icampus et les professeurs et étudiants ont rangé stylos, craies et transparents au profit des portables, des tablettes et,…, des slides du logiciel PowerPoint®.
Cela fait quelques années que les choses sont comme cela, me direz-vous.
Rien de bien neuf, en effet, si ce n’est que je suis arrivée directement en premier master sans passer par l’année préparatoire et que mises à part quelques conférences occasionnelles, je n’étais pas, avant cette année académique, dans la situation de produire ou d’assister de manière systématique à des présentations à partir de PowerPoint®. Mes enfants utilisent bien ce logiciel pour leurs travaux scolaires mais j’ai toujours pris cela pour une fantaisie d’adolescents embrigadés dans l’ère numérique,…
Force est de constater pourtant, qu’à l’université, plus aucune communication orale ne se fait sans être accompagnée du fameux logiciel.
Si cette observation peut porter à sourire, ne vous méprenez pas : il ne s’agit pas là des propos d’une « vieille ménagère dépassée par le monde moderne ». J’ai toujours été dans des milieux où les technologies de l’informatique étaient présentes. J’ai même travaillé, il y a quelques années, comme responsable de support informatique dans une grosse société pharmaceutique. Les TIC ne me font pas peur, et, même sans être tout à fait à la pointe, elles m’attirent et m’amusent.
Me voilà donc à suivre des cours donnés systématiquement à partir de slides et, je dois l’avouer, je ne m’en sors pas ! Voici de manière exemplative et malheureusement non exhaustive quelques- unes de mes difficultés :
* Soit je m’ennuie parce que j’ai lu, plus vite que ne le dit le présentateur, le contenu- simple- des diapositives.
* Soit je suis perdue parce que l’orateur raconte une histoire différente de ce qui est projeté et je n’arrive pas à me concentrer à la fois sur la slide, sur la personne qui parle et sur ce qu’elle dit.
* Soit encore, la diapositive exposant un concept, une définition ou mieux une formule bien complexe est projetée trois secondes avec le commentaire « Comme vous pouvez le constater, ceci nous montre que… » et l’on est déjà passé à la diapositive suivante alors que je cherche toujours à essayer de me souvenir des bribes de la précédente…Quant à comprendre,…
Face à ces problèmes, j’ai cherché à réagir : d’une part, j’ai décidé d’aller au cours avec le PowerPoint® du jour préalablement imprimé (mais encore faut-il qu’il n’ait pas été posté la nuit qui précède ou mis en réserve pour ne pas dévoiler le sujet du moment,…) et d’autre part, j’ai opté pour une prise de notes sous forme de carte heuristique en privilégiant la compréhension par la « capture » des mots clés.
Ces stratégies se révéleront malheureusement insuffisantes pour faire face aux difficultés précitées : le plus compliqué pour moi étant, en effet, de réussir à gérer des informations concomitantes parvenant par des canaux sensoriels différents.
Enfin, si par malheur, je n’ai pu assister à un cours, les diapositives au style télégraphique en « bullet points » postées en guise de syllabus sur ICampus me sont alors, bien souvent, totalement hermétiques. Les notes ensuite recueillies auprès d’un autre étudiant le sont d’ailleurs parfois tout autant,…
J’ai failli renoncer pensant qu’effectivement « ce n’est pas évident de reprendre des études à mon âge »[1] lorsque j’ai surpris un de mes jeunes collègues s’effondrer sous une rafale de slides et murmurer dans un souffle: « Je renonce : je ne suis plus,… ». J’en ai alors conclu que puisque je n’étais pas la seule à qui cela posait problème, le phénomène valait la plutôt la peine de s’y attarder.
Questionnements
Mon premier étonnement est contextuel : nous sommes à l’université, en sciences de l’éducation. Le public auquel s’adresse cette formation est un public d’adultes et de surcroît majoritairement enseignants. S’il doit y avoir un endroit où la manière de donner cours ou de présenter oralement une information doit avoir été mûrement étayée et réfléchie c’est bien dans celui-là. Or si le Vade- Mecum Mémoire fournit aux étudiants des recommandations formelles valables pour tout travail écrit, on ne trouve rien sur le site de la FOPA qui puisse servir de guide quant à une communication orale d’un travail avec ou sans support visuel.
Plus interpellant encore : personne (professeurs et étudiants de la FOPA) ne semble pouvoir imaginer faire un exposé sans l'apport d’un diaporama : « présenter » sans PowerPoint® équivaudrait sans doute à se promener dans la rue encore plus nu que ne le fût Lady Godiva,…
Plusieurs interrogations émergent de ces constats.
L’engouement PowerPoint® « à tout prix » est-il généralisé ou circonscrit à la faculté de psychologie et des sciences de l’éducation de l’UCL ?
Pourquoi ce sentiment d’obligation de soutenir le discours avec un support visuel ? Cela rencontre-t-il un fondement biologique, neurologique voire neuropsychologique ? Est-ce l’effet d’une mode ou de la culture? Est-ce le résultat d’un marketing efficace et quasi dictatorial de Microsoft ? Quels sont les mécanismes psychologiques en jeu ?
Quels objectifs pourrait-on viser à travers une telle manière de communiquer? Comment faire pour les atteindre au mieux, tout en gardant en mémoire que l’objectif final est de l’ordre d’une communication pédagogique efficace ?
PowerPoint® : un média omniprésent
Il suffit de fréquenter l’un ou l’autre cours de l’UCL, d’interroger quelques étudiants et professeurs d’autres écoles supérieures mais aussi famille et amis pour que l’impression se confirme: PowerPoint® est partout. Frank Frommer affirme d’ailleurs que « PowerPoint® ,…,est devenu en une dizaine d’année le média indispensable pour tout exposé oral, de la petite réunion de travail à la grand- messe publicitaire en passant par l’amphithéâtre universitaire. » (Frommer, 2010, p.7).
Nicolas Beretti souligne, lui, « que plus aucun espace de la vie privée ou professionnelle n’échappe à la présence du logiciel. » (Berretti, 2012, p.IX).
Avant de s'attarder sur les caractéristiques de ce logiciel au succès quasi planétaire et la manière dont il est employé, cherchons à comprendre pourquoi et comment s'est installée l'habitude d'utiliser un support visuel lors d'une communication orale.
Histoire et importance de la représentation visuelle chez l’être humain
Pettersson dans son traité sur l’information visuelle, relève que l’être humain a toujours employé du matériel visuel pour communiquer : cela semble être dans sa nature. (Pettersson, 1993).
D’un point de vue historique, on peut constater que l’homme n’a eu de cesse que de développer de nouvelles techniques et de nouveaux médias visuels.
Les premières peintures rupestres produites par un homo sapiens remonteraient, à plus ou moins 36000 ans. (Zilhâo cité par Miserey, 2012). Depuis cette époque, grâce à l’image, les hommes transmettent, expliquent, représentent leur vie, leurs peurs, leurs prières,…
On pourrait penser que l’importance de l’image diminue dès lors que se développe l’écriture et surtout lorsque celle-ci peut se diffuser grâce à l’invention de l’imprimerie au XVème siècle. En fait, il n’en est rien : il y a plus ou moins 500 ans apparaissent les premières illustrations dans les livres (Pettersson, 1993). Nicephore Nièpce obtint en 1816 la première image négative sur papier sensibilisé au chlorure d’argent (Marignier, 2008), le cinéma a déjà plus de 100 ans et si la télévision est créée en 1930, la première image numérique apparait elle en 1950 ! L’infographie et les images de synthèses se développent dès les années 70. On pourrait parler encore de l’imagerie scientifique, médicale, de l’animation, du passage au 3D et d’en d’encore bien d’autres techniques se rapportant au domaine visuel,…
Le point de vue des neurosciences.
Au niveau anatomique et physiologique, « la vision est le sens le plus développé chez l’être humain : environ 70 % des récepteurs sensoriels de l’organisme sont situés dans les yeux et près de la moitié du cortex cérébral participe à un aspect ou à un autre du traitement de l’information visuelle. » (Marieb, 2005, p.577).
Du point de vue de son fonctionnement biologique, la fonction visuelle semble donc bien être d’importance.
Si l’on s’attache plus précisément au cerveau, on constate que celui-ci est composé de deux parties reliées entre elles par des réseaux denses de fibres nerveuses. (Marieb, 2005, p. 446). Longtemps, on a cru que les deux hémisphères avaient une fonction similaire et que chacun s’occupait de l’hémicorps opposé. C’est à la fin du XIXème siècle que se firent premières découvertes quant à la localisation de zones du langage situées dans la partie gauche du cortex cérébral. A cette époque, se développe progressivement la conception qu’il existe un hémisphère dominant : « Un hémisphère, habituellement le gauche chez les droitiers, est considéré comme dirigeant la parole et d’autres fonctions supérieures ; le droit, hémisphère mineur, sans fonctions spéciales, est subordonné au contrôle de l’hémisphère gauche dominant. » (Springer & Deutch, 2000, p.23).
En 1967, le psycho-biologiste Roger W. Sperry fait pourtant une découverte d’importance sur la fonction et les fonctionnements des hémisphères cérébraux: la pensée humaine serait double ! Ces découvertes, pour lesquelles il obtint le prix Nobel de médecine, ont été tout d’abord vulgarisées par Betty Edwards. Celle-ci s’en est en effet inspiré pour développer une méthode originale d’apprentissage du dessin. (Edwards, 2004). Voici en résumé très schématique le contenu de ces théories telles qu’elles sont rapportées par des pédagogues, formateurs voire psychologues (Edwards, 2004). (Millêtre, 2013). (Delangaigne & de Laboulaye, 2014) :
* Le cerveau gauche s’occupe du verbal. Il traite l’information de manière analytique (point par point), séquentielle (un point après l’autre) et rationnelle. Il est digital, logique, linéaire. Il gère l’abstrait et utilise des symboles. Il est également le siège de la pensée consciente
* Le cerveau droit quant à lui est non verbal : il est visuo-spatial. Il est concret et synthétique. Il va avoir une perception d’ensemble. S’il fait des liens, il ne cherche pas à ce qu’ils soient rationnels mais fonctionne par analogie et relations métaphoriques, il est en outre intemporel. Enfin, il traite le sentiment et le vécu bien que le siège de mécanismes inconscients.
Les deux hémisphères reliés par une série de faisceaux de fibres nerveuses travaillent en synergie pour un traitement efficace de l’information. Certains émettent, en outre, l’hypothèse d’une dominance hémisphérique qui colore l’ensemble de la personnalité : on serait plutôt cerveau gauche ou cerveau droit.
Il est à noter que si les neurosciences reconnaissent les différences entre les deux cerveaux en ce qui concerne le caractère verbal de l’un et le traitement visuo-spatial de l’autre, elles ne rejoignent pas le point du vue des personnes précités quant aux autres caractéristiques. Argumentant qu’aucune démonstration scientifique claire ne l’atteste (Springer et Deutsch, 2000), « les scientifiques parlent de neuro-mythe tout en reconnaissant qu’il recèle un intérêt pour l’apprentissage » (Delangaigne & de Laboulaye, 2014, p.28).
Plus aucun spécialiste du domaine ne nie cependant que l'hémisphère droit joue un rôle déterminant dans le comportement humain (Springer, S. & Deutch,G., 2000). Damasio souligne d'ailleurs que les personnes atteintes de lésions importantes dans cette zone présentent des comportements décisionnels aberrants à long terme parce qu'elles ne peuvent prendre en compte ni l'aspect émotionnel ni l'aspect global des choses (Damasio, 2010).
Bref aperçu de l'histoire de l'aide visuelle dans les présentations
A la suite de ce petit voyage au centre du cerveau et à travers l’évolution des techniques et des cultures visuelles, on pourrait émettre la supposition suivante : un logiciel qui permet facilement d’allier la parole à la représentation visuelle rencontre, à la fois, les besoins physiologiques et l’évolution de l’environnement culturel des personnes auquel ce logiciel s’adresse.
L'usage des représentations graphiques date pourtant d'il y a bien longtemps. A partir des années 1910, aux Etats-Unis, les habitudes managériales changent : il devient d'usage de montrer et comparer des résultats d'activités des départements ou même des sociétés (Yates, 1989, cité par Frommer, p.16). Les présentations graphiques sont utilisées parce qu'elles ont la « capacité de convaincre le management de façon claire et synthétique » (Frommer, p.17). Différents matériaux vont être employés avant le PowerPoint® : les diapositives, les transparents,... Tous ont le grand inconvénient qu'il faut faire appel à des spécialistes de la photographie et du graphisme pour pouvoir présenter un travail de qualité,....
Ceci dit, à cette époque, les diapositives comportent majoritairement du texte. Or, pour convaincre, il faut être synthétique...Alors les spécialistes synthétisent et commencent, de ce fait, à concevoir des listes à puces.
Le développement de la micro-informatique et les changements que cela implique encore dans la communication date des années 80. La première version commercialisée de PowerPoint® tournant uniquement sur Machintosh sort en avril 87. Elle ne permet de produire que des diapositives en noir et blanc. En été 1992, c’est Robert Gaskins, son inventeur, qui fait la promotion de la version 3 de PowerPoint® qui appartient désormais à Microsoft. La mise en scène développée à cette occasion est un véritable show : similaire à ce que Steve Jobs a utilisé dès 1984 pour présenter les produits Apple (Frommer, 2010)
La promotion fût efficace et le produit puissant puisque « En 2010 Microsoft estimait à 30 millions le nombre de représentations crées chaque jour dans le monde, soit de 347 par seconde ! » (Beretti, 2012, p.5)
La redoutable efficacité commerciale de Microsoft et de sa suite office équipant actuellement 90% des ordinateurs de la planète, peut expliquer également que PowerPoint® se soit imposé avec force.
Principales caractéristiques et utilisations de PowerPoint® : les paradoxes
Un média numérique et visuel à la structure linéaire et séquentielle.
Si d’aucuns opposent l’école et l’apprentissage traditionnels « caractérisés par un cadre spatio-temporel quasi figé, et,…, par une pensée linéaire » à la pensée arborescente typique du numérique (Delengaigne , X.& de Laboulaye, T., 2014), force alors est de constater que PowerPoint® appartiendrait plutôt à la première catégorie !
Un PowerPoint® se présente, en effet, comme une suite possible de diapositives qui vont être projetées dans un ordre linéaire déterminé. Soit l’orateur décide que la série doit contenir un maximum de texte ou en tout cas les textes les plus complexes à retenir- il n’aura plus alors qu’à les lire. Soit, il décidera, pour des raisons d’apparente digestibilité cognitive, d’utiliser les listes à puce pour passer en revue les points essentiels de son discours. Discours qui, du fait même qu’il est destiné à être projeté en même temps qu’il sera prononcé, est écrit, très souvent, directement à partir du logiciel. L’objet ainsi élaboré a toutes les chances de prendre les caractéristiques « d’un objet hybride, mi intellectuel, mi visuel » (Beretti, 2012, p.37).
Un outil aux antipodes de notre fonctionnement physiologique
Même des spécialistes et adeptes d’un PowerPoint® percutant (Hasnaoui-Houhou , 2010) reconnaissent qu’une présentation à l’aide du logiciel peut être « aux antipodes de notre fonctionnement physiologique » (Hasnaoui-Houhou , 2010, p.16) .
« Nous ne pouvons pas :
1- Lire et écouter de façon simultanée. Notre fonctionnement physiologique nous impose d’entendre plus rapidement que nous ne lisons.
2- Voir plus rapidement que nous entendons…(Hasnaoui-Houhou , 2010, p.16)
Cet auteur affirme pourtant que la cause en est l’utilisation des patterns prédéfinis du logiciel. Son hypothèse de travail est d’apprendre à se servir de l’outil de manière efficace. Si Beretti (2012) reconnait que l’on peut travailler à reprendre la maîtrise d’une présentation à l’aide de PowerPoint®, il relève néanmoins une série de difficultés inhérentes à l’outil même et pas seulement aux modèles prédéfinis qu’il contient. On retrouve des propos similaires notamment chez Tufte (2003) ou encore chez certains responsables de l’armée des Etats-Unis (Bullimer,2010).
Les biais cognitifs
Pour faire face aux difficultés évoquées précédemment, et donner une lisibilité aux diapositives, celles-ci vont être conçues avec peu de texte. Ecrites en gros caractères, elles vont viser l’essentiel en mots clés. Mots clés et phrases très courtes sans sémantique qui sont généralement affichés sous forme de listes à puce (Tufte, 2003). Ces particularités vont induire une simplification extrême du thème exposé et en limiter paradoxalement la possibilité de mémorisation. (Rien de plus ingrat que de retenir des listes,…) (Beretti, 2012)
Ce point de vue va être accentué par le fait que PowerPoint® est multiforme. Non seulement il est une aide visuelle à la présentation mais il est aussi le seul document écrit qui est distribué, imprimé, « mailé » : à la fois synthèse, notes et conclusion. Or, on l’a vu, les principes ont été épurés vers une simplification extrême : le risque est, dès lors, de ne plus rien comprendre ou de passer à côté de l’essentiel. (Tufte, 2003). Beretti signale une série de biais cognitifs tant du point de vue de l’utilisateur (« illusion de connaissance, illusion de contrôle et d’expertise ») que du côté du lecteur « (biais de manipulation, effet de primauté, effet de cadrage, et, enfin biais de confirmation) » (Beretti, 2012, p.51).
Conclusion : et si PowerPoint® n’était pas l’outil idéal dans une communication pédagogique ?
On l’a vu, PowerPoint® vient du monde des affaires. Il a été conçu pour convaincre. Et si nous nous trouvons dans un monde où l’image est omniprésente et à la première place, il peut s’agir d’une combinaison de développements culturels et technologiques qui rencontrent un fonctionnement neurophysiologique. En soi, s’ouvrir au monde des images devrait nous permettre de faire fonctionner en toute complicité nos deux hémisphères cérébraux pour plus d’efficacité et mais aussi de créativité, pour un meilleure analyse et plus de recul,…Ce qu’on cherche, à près tout, à faire développer dans l’acte d’apprentissage. Hélas, l’outil qui parait tellement séduisant, devenu omniprésent par la force de l’habitude, s’avère, conte toute attente, extrêmement complexe à utiliser. Surtout si l’on garde à l’esprit l’objectif de former et non de convaincre : il s’agit d’ouvrir le champ des possibles chez l’apprenant et non de l’enfermer dans un mouvement de fausse certitude séquentielle.
Ce travail a été une mise en bouche, avec énormément de frustration de n’avoir ni le temps, ni l’espace pour développer et aller plus loin. Après tout, en 2010, Frommer a repéré sur Amazone.com, 29505 références bibliographiques sur le sujet ! (Frommer, 2010). Preuve paradoxale, c’est décidément une habitude pour PowerPoint®, que le sujet n’est sans doute pas épuisé. Il serait en effet intéressant d’étudier concrètement comment faire, dans une situation pédagogique, pour utiliser un support visuel ou multimédia afin de favoriser la mémorisation et la réflexion par exemple. Alors PowerPoint® au cours ? Nous rejoignons Nicolas Beretti : « Ai-je vraiment besoin d’un PowerPoint® ? C’est vraiment la première question à se poser avant ne serait-ce que formuler l’idée d’ouvrir ce logiciel. » (Beretti, 2012,p.71).
« Tu devrais en faire un mémoire » m’a dit un des membres de mon groupe Fopa devant mon enthousiasme. En tout cas, je ne m’arrêterai pas là et profiterai de la courte présentation du 21 juin pour aller un tout petit peu plus loin…
Bibliographie
Beretti, N. (2012). Stop au PowerPoint ! Réapprendre à penser et à présenter. Paris : Dunod
Bumiller,E. (2010) We Have met the Enemy and He is the PowerPoint. En ligne http://www.nytimes.com/2010/04/27/world/27powerpoint.html?_r=0. Consulté le 14 mai 2014
Buzan, T. (2012). Une tête bien faite. (B.Vadé, Trad.). Paris : Eyrolles. (Œuvre originale publiée en 2010)
Damasio, A. ( 2010). L’autre moi-même : les nouvelles cartes du cerveau, de la conscience et des émotions. Paris : Odile Jacob.
Delangaigne,X. & de Laboulaye, T. (2014) Apprendre à toute vitesse : Faites plaisir à votre cerveau. Paris : Interéditions.
Edwards, B. (2004). Dessiner grâce au cerveau droit : Nouvelle édition augmentée et mise à jour. (L.Richelle, Schoffeniels-Jeunehomme, Trads.). Paris : Mardaga. (Œuvre originale publiée en 1999)
Frommer, F. (2010). La pensée PowerPoint : Enquête sur ce logiciel qui rend stupide. Paris : La Découverte Pocket.
Hasnaoui-Houhou, N. (2010). Préparer une réunion efficace avec un PowerPoint percutant. Paris : Vuibert
Levy-Provençal, M. (2013). Révélez le speaker qui est en vous ! La méthode Brightness. Clermond-Ferrand : Pearson.
Marieb,E.N. (2005) Anatomie et physiologie humaines : adaptation de la 6è édition américaine. (R. Lachaine, Trad.). Paris : Pearson education (Œuvre originale publiée en 2004)
Marignier, J.L (2008). Aux origines de la photographie. En ligne http://www.canalacademie.com/ida3284-Aux-origines-de-la-photographie-Nicephore-Niepce.html. Consulté le 3 mai 2014.
Millêtre, B. (2013). Cerveau droit, Cerveau gauche : Développez vos facultés cognitives. Paris : Hachette.
Miserey, Y. (2012). Néandertal a peint les premières grottes ornées. En ligne http://www.lefigaro.fr/sciences/2012/06/14/01008-20120614ARTFIG00815-neandertal-a-peint-les-premieres-grottes-ornees.php. Consulté le 20 avril 2014.
Pettersson, R. (1993). Visual Information. (2éd.), Englewoodcliffs. New Jersey : Educational Technology Publication.
Springer,S. , Deutsch, G. Cerveau gauche, cerveau droit : A la lumière des neurosciences. (5è Éd.).
(S. Benoit-Dubrocard, J. Blanc-Garin, Trads). Bruxelles : De Boeck Université.
Tufte, E. (2001) The Cognitive Style of PowerPoint. En ligne http://users.ha.uth.gr/tgd/pt0501/09/Tufte.pdf Consulté le 14 mai 2014
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[2] Extrait de la vidéo « Martine au téléphone » (Give Me Five Création, Salamanca Distribution, 2014)