Collège Édouard-Montpetit
Problèmes éthiques
340-CED-EM Gr : 1040
Le 20 septembre 2011
L’un des fondateurs de la sociologie, Durkheim dit que la société « est un tout supérieur à la somme de ses partis, elle préexiste à l'individu et les individus sont agis par elle. » Malgré le caractère intransigeant de cette société, l’être humain arrive à se sentir libre. En se basant sur le rappel de la différence entre la liberté moderne et la liberté des Anciens par Constant et le concept de liberté positive de Berlin, nous tisserons des liens avec la liberté citoyenne, la liberté individuelle, l’activisme politique et son impact dans le perfectionnement de soi.
Là où la liberté individuelle commence il y a finitude du pouvoir de l’État. Constant démontre que cette liberté individuelle est acquise puisqu’elle ne se retrouvait pas chez les cités anciennes de l’Occident. C’était alors l’exercice de la liberté politique dans les assemblées, les jugements sur la place publique, les débats des citoyens qui étaient au centre de la collectivité. La grande force de cette collectivité empêchait l’individu de faire ce qu’il veut. L’emprise étatique était tel que comme le citoyen peut condamner ses magistrats, la même collectivité peut de la même manière se retourner contre l’individu et le condamner.
Ce qui nous a permis de passer de la liberté des anciens à la liberté moderne c’est l’abolition de l’esclavage, et le passage de la guerre au commerce en tant que priorité d’État. Désormais, ni la censure ni l’esclavagisme ne pourraient laisser de marbre l’opinion publique. Le concept de droits individuels nous est maintenant acquis et pour rien au monde nous ne reculerons sur les principes tels que les droits civils qui permettent la liberté du citoyen en tant qu’individu qui a une vie privée et dont l’État n’a rien à redire sur les pratiques libres, légales et à la discrétion de chacun. Les mœurs, même si elles restent généralement homogènes selon l’État ne sont pas soumises à l’emprise étatique.
Désormais, l’État est si imposant que le pouvoir de citoyen est diminué, tout ça découle de la croissance du commerce, nous devons travailler pour gagner un butin et toutes les sortes emplois doivent être comblées. On nomme un représentant et cela est la meilleure contribution à la vie politique. Le reste est donc délaissé.
Isaiah Berlin amène à une conception de la liberté chez l’individu qu’il nomme liberté positive. Être son propre maître, voilà ce qu’il convient pour la liberté. Il prévaut que sa vie et ses décisions viennent de sa volonté propre et qu’elles ne soient pas en fonction de contraintes extérieures. C’est l’émancipation de l’individualité par rapport au collectif « être une personne et non personne ». C’est aussi agir avec rationalité, en mettant de côté les jugements de valeurs et en étant capable de justifier ses opinions, des opinions qui se reflètent dans les actions, dans les choix. Je suis raison, la raison domine mes passions et détermine mes agissements, ma morale. Cette morale commune, collective n’est pas représentative de chacun des individus. Si nous sommes tous de valeur égale, pourquoi un individu détient-il le pouvoir de nous dire ce qui est plus rationnel d’établir au niveau collectif ? Il s’agirait d’une logique commune, d’un accès logique à ce qui est bon autant pour moi que pour vous. Voici un exemple concret : les individus qui ont choisis de fumer la cigarette et qui se sont laissés prendre par passion pour une habitude de vie qui est reconnue comme néfaste sous plusieurs égards, font bien le choix, mais un choix irrationnel, de vivre dans la négation. C’est un ministre, un représentant élu par le peuple, qui pourra faire en sorte que ces individus ne puissent plus consommer le tabac dans des lieux publics. Cela contraint la liberté au sens où malgré que nous valions tous la même chose, l’individu se fait imposer une restriction par la morale d’un autre individu qui se croit doté d’une meilleure rationalité. Ce qui me semble juste c’est l’esprit de collectivité dans cette rationalité, cette liberté régulée non plus uniquement pour le bien privé, mais pour la protection contre les impacts collatéraux chez autrui. C’est là l’altruisme politique moderne.
C’est ainsi que je peux concevoir la liberté positive moderne et la voir concrètement dans la jouissance de ma liberté. Je deviens, je progresse avec la raison et la pensée critique vers un idéal dont je me fais la représentation. Je sais aussi que je dois cette jouissance à ces codes humains et sociaux qui sont mis en place pour la protéger. Cette liberté légiférée par l’activité politique de ma société est confiée à des individus en effet extérieurs à moi, qui peuvent avoir oui ou non les même concepts que moi. J’en reviens à Berlin qui constatait que l’État moderne n’avait pas nécessairement comme devoir de tenir compte de la diversité des opinions des individus qui compose sa société, sans toutefois avoir le pouvoir d’en ignorer les manifestations. Le moyen pour se manifester à l’État en tant que citoyen ayant été dilué au simple scrutin représentatif à un tour, à la simple croix participative, la case comme choix rationnel, je fais preuve d’ironie, je le concède, on se retrouve avec le minimum de l’exercice politique qui se délègue à d’autres citoyens engagés politiquement pour la majorité qui s’en détache.
Si l’activisme politique est vu comme le plus énergique et le plus puissant moyen de perfectionnement de soi, j’y consens au moment où la progression qui s’en dégage se porte non seulement sur soi, mais lorsqu’il est tourné vers le futur et donc pour le bonheur de ceux qui suivront. Cela souligne l’idée de Constant où la rationalité empêche de se tourner sur soi et ses désirs et sur l’idée que l’État met en place les codes moraux à envisager pour le futur. De plus, c’est dans la même lignée que Berlin qui propose le modèle de la liberté active. Selon moi, malgré les difficultés, les contraintes de la société, le désir le plus prometteur est celui d’envisager la bonne progression politique par l’apport de sa propre contribution. J’aimerais apporter un point de vue personnel, préférant trouver l’activité politique ailleurs que dans la législation, c’est dans l’activité du peuple que j’aime voir l’ébullition des idées. On doit travailler avec l’idéologie en place, en comprenant en quoi elle nous limite, mais en quoi nous pouvons en tirer les bénéfices. Un bel exemple de cela serait la fondation d’une grande compagnie dans notre milieu capitaliste, qui offrirait l’environnement propice à la réinsertion sociale dans un but d’écologie comme la récupération d’objet recyclé. Une ambition bien placée, une passion transformée en projet engendre selon moi une force plus grande et plus forte non seulement pour le perfectionnement de soi, mais pour l’amélioration du monde dans lequel nous vivons.
Afin de bien résumé le tout, Constant aura souligné les différences entre la liberté moderne où l’État se situe indépendamment de l’ensemble des individus et la liberté des Anciens où elle s’établissait collectivement sans tenir compte de l’individualité. Ce qui est privé aujourd’hui prime et se défend beaucoup mieux que ne se mobilise le pouvoir citoyen dans un esprit public. La liberté positive, décrite par Berlin, s’acquiert dans un esprit de rationalité et permet de faire apparaître la cohérence et la cohésion dans l’amélioration de soi et d’autrui. Ces conceptions s’appliquent peu importe le type d’état en place et c’est à nous, membres de la société qu’il convient d’en user, et je crois que le concept de l’individu engagé peut permettre une progression adéquate du statut de citoyen même si l’investissement politique reste en dehors des assemblées protocolaires. Ce qui est scandé dans les manifestations en 2011 c’est « Un peuple uni, jamais ne sera vaincu », mais d’où nous vient cette attaque qui puisse nous vaincre au juste ? De qui avons-nous peur dans notre envie de nous libérer alors qu’il n’en tient qu’à nous même de devenir maître de soi ?