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Le Trafic D’âge Dans Le Football

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Submitted By amiine
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Le trafic d’âge dans le football

Hausser la cote des joueurs africains en les rajeunissant

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Des agents rajeunissent l’âge des jeunes joueurs africains du football afin de doper artificiellement leur valeur sportive et économique. Une pratique très répandue sur le continent africain, facilitée par la corruption et les lacunes en matière de recensement à la naissance. Le business est aussi tabou qu’il est juteux pour les fraudeurs et pour certains clubs qui ferment les yeux sur ces méthodes.

Rajeunir l’âge des footballeurs. Cette méthode est souvent pratiquée par des agents ou des recruteurs peu scrupuleux, avec l’aide de faussaires ou d’une administration corrompue, qui recherchent gloire et argent. Les fraudeurs originaires d’Afrique se servent de cette méthode pour briller sur les pelouses. Ceux qui viennent des pays développés espèrent quant à eux placer les prodiges du ballon rond dans des centres de formation en Europe, attendant qu’un club intéressé soit prêt à y mettre le prix. Certaines équipes seraient parfaitement au courant de ce trafic d’âge très tabou, mais fermeraient les yeux pour jouir de footballeurs talentueux. Talentueux, mais dont la carrière est déjà plus ou moins amputée. Car si l’âge peut être trafiqué, il n’en est pas de même avec l’horloge biologique qui donne généralement des signes de fatigue à la trentaine. Le risque pour l’avenir de ce sport en Afrique : la perdition du potentiel de jeunes talents qui n’ont pas eu l’occasion de mûrir.

Changer d’âge comme de chemise
Parce qu’il faut bien manger et souvent donner un coup de main à sa famille, des joueurs décident eux-mêmes de changer leur âge pour trouver un club qui les accepte. « Un jour, j’ai appris qu’une équipe recherchait un joueur de moins de 23 ans. Comme j’en ai 27, j’ai décidé de me faire faire de faux papiers », raconte Simon-Pierre, footballeur dans une équipe de deuxième division au Cameroun. « Je suis allé voir un officier d’Etat civil et lui ai expliqué que j’avais perdu ma carte nationale d’identité. Il m’en a refait une autre sur présentation d’autres pièces où figurait mon nom. Tant que le nom est le même, ils ne se posent pas de questions », poursuit le jeune homme.
D’aucuns estiment qu’il est d’une facilité déconcertante de se rajeunir de quelques années. « C’est très simple. Il n’y a qu’à se rendre sur n’importe quel marché avec une poignée de FCFA pour obtenir de faux papiers. Avec une photo d’identité un peu sombre ou de mauvaise qualité, il est facile de donner le change et de paraître plus jeune. Bien que la limite du « rajeunissement » n’excède pas quatre ans, par souci de crédibilité », commente un agent de football, basé en France, qui a souhaité conserver l’anonymat. Parmi les autres pratiques pour gagner quelques années : fournir les pièces d’identité du petit frère ou corrompre des personnels municipaux, dont le salaire laisse à désirer.
Des « rabatteurs téléguidés »
Mais la supercherie ne prend pas toujours. « La Fédération m’avait dans ses fichiers avec l’âge de 27 ans. Du coup, je n’ai pas pu jouer dans cette équipe. Mais je m’estime heureux parce que si j’avais été pris, j’aurais été sévèrement sanctionné. Peut-être deux ans de suspension », commente Simon-Pierre. Si certains n’osent pas falsifier leur année de naissance, beaucoup se jettent à l’eau, parfois avec l’aide de recruteurs ou d’agents douteux, pour pouvoir participer aux compétitions juniors, où la pratique serait plus que fréquente. « Nous avons déjà rencontré des équipes cadettes africaines où les joueurs étaient clairement plus âgés que 14 ans. Quand vous voyez des sportifs qui font 1,80 m et 30 kg de plus que les vôtres, vous vous dites qu’il y a forcément quelque chose qui ne tourne pas rond », explique un formateur qui opère en Afrique et en Europe.
Quelques proches du milieu footballistique estiment que les plus grands consommateurs de faux sont les chercheurs de talents. Ces recruteurs, souvent non agréés par la Fédération internationale de football (FIFA), opéreraient surtout dans la sous-région (Afrique de l’Ouest). De l’avis de l’agent de football que nous avons interrogé, ils ne sont ni plus ni moins que des « rabatteurs téléguidés par des Africains qui savent où trouver les footballeurs à potentiel ». Et Mbacké Seck, chargé de communication à la Fédération sénégalaise de football (FSF), d’expliquer que « ces négriers du football viennent d’Europe pour repérer les jeunes talents et ont des acolytes africains au niveau local. Ensemble, ils ouvrent des écoles de formation non légales où parfois des anciens footballeurs dispensent un enseignement similaire à celui de leurs homologues légaux. S’ils trouvent un joueur doué, ils falsifient ses papiers pour qu’il paraisse plus jeune ». Histoire de s’assurer de la cote de la jeune et prometteuse recrue auprès des centres de formation en Europe.

De grands champions l’ont fait
Le trafic d’âge prospère notamment à cause des manquements au niveau de la formation footballistique. « Comme il n’y a que peu d’écoles de formation, les jeunes découvrent le football tard. Vers 20 ou 22 ans. Du coup, quand il arrivent à un bon niveau, il ont déjà un âge avancé. Ce qui est moins intéressant pour les équipes », commente René-Armand Dengono, entraîneur d’une équipe de deuxième division au Cameroun. Un problème qui se couple à l’inexactitude de l’âge en Afrique dû aux lacunes administratives. « Les enfants sont souvent déclarés très en retard. Donc l’Etat civil d’une personne n’est pas toujours fiable à la base », précise Mbacké Seck.
Des défaillances dont profitent certains clubs, trop contents de compter dans leur effectif des joueurs de poids. « De très grands footballeurs sont plus vieux que l’âge qu’on leur connaît », assure notre agent anonyme, soulignant qu’il est hors de question de donner le nom de qui que ce soit. « J’ai des présomptions sur l’âge de beaucoup de champions, reconnaît à son tour Jean-Marc Guillou, administrateur délégué du club belge de première division « KSK Beveren », où la majorité des joueurs sont africains. Le Français, également fondateur d’une académie de football à Abidjan (Côte d’Ivoire), d’où les joueurs du club sont recrutés, concède qu’il est possible qu’il ait dans son équipe des joueurs qui sont plus âgés que ce qu’il croit. « C’est possible, mais je ne peux pas l’assurer car ce ne sont pas des paramètres que je maîtrise. Mais s’il y a une différence, elle sera de deux ans tout au plus et sera plus liée au problème de recensement à la naissance, dont le système n’est parfois pas au point », précise Jean-Marc Guillou.

Une carrière très courte
Le hic des transferts de joueurs à l’âge truqué est que leur carrière est beaucoup plus courte. En somme, ils commencent à jouer et à être « vendables » tard, mais finissent plus tôt que les autres. Au grand dam des clubs qui les ont recrutés. Au pays, la pratique aura enlevé la chance aux plus jeunes de se former suffisamment tôt pour exploiter leur potentiel. « Alors que ceux qui ont réduit leur âge pour participer aux compétitions juniors, ceux qui ont vraiment 14 ans par exemple, restent en dehors du circuit et leur capacités se perdent parce qu’ils n’auront pas reçu l’enseignement à l’âge où ils sont le plus réceptifs. Sur le court terme, le trafic d’âge marche, mais sur le long terme les effets sont très négatifs », commente le formateur anonyme, qui précise que certains ont déjà essayé d’interpeller les pays. En vain.
La Fifa n’a pas encore trouvé de solution au problème, mais elle ne chôme pas. « En août dernier, lors du championnat du monde des moins de 17 ans en Finlande, notre commission médicale a fait des tests sur des joueurs pour évaluer leur âge. La technique consistait à faire une IRM (images à résonnance magnétique, ndlr) sur le poignet du jeune. Mais nous n’en sommes que là. Et, même si nous restons vigilants à chaque rumeur de trafic d’âge, il n’y a aujourd’hui aucune façon fiable de vérifier l’âge véritable des footballeurs », explique-t-on à la Fédération. Et Andreas Herren, porte-parole de la FIFA, de préciser qu’un travail de sensibilisation est mené à l’égard des fédérations africaines et des clubs. Le but étant de décourager la pratique et de pousser les équipes à ne recruter qu’auprès des agents agréés, ce qui leur permet de se tourner vers la justice si ces derniers ont abusé de leur confiance.

Mentir pour justifier le trafic d’âge
La nouvelle réglementation de la Fifa, la prise de conscience timide de certains gouvernements et la progressive informatisation des Etats africains freinent l’afflux de jeunes joueurs vers les pays du Nord. « Nous remarquons une baisse du nombre de cas rapportés dans la presse et des litiges présentés à la Fédération », poursuit le porte-parole de la Fifa. Mais la pratique a toujours cours et beaucoup dans le milieu fermeraient les yeux. « Certains faisaient venir des footballeurs de 20 ans en les faisant passer pour des joueurs de 14 ans. Pour justifier leur masse corporelle, ils osaient dire que les Africains ont une croissance plus précoce que les Européens. Ce qui n’est absolument pas logique : beaucoup mangent une fois par jour et ne commencent à se développer que lorsqu’ils atteignent l’âge de travailler », s’indigne le formateur.
Et de préciser que personne n’est dupe quant au trafic d’âge. Certains n’hésitent en effet pas à clamer qu’ils en sont « à leur cinquième Coupe d’Afrique des nations. Etant donné qu’elle se passe tous les deux ans, cela voudrait dire qu’ils ont participé à leur première Can à l’âge de 14 ans... », poursuit le formateur. Et de remettre en question l’âge du Ghanéen de 14 ans Freddie Adu, qui est officiellement devenu en 2003 le plus jeune sportif professionnel, depuis cent ans, à jouer dans une équipe américaine. Beaucoup trouvent cela regrettable, mais préfèrent en rire.

La fraude sur l’âge des joueurs : le cancer du football africain
On revient particulier sur les problèmes liés aux transferts des joueurs africains. En effet, face au nombre important de jeunes joueurs qui ambitionnent d’évoluer dans les clubs étrangers, beaucoup de transferts sont souvent réalisés dans la plus grande illégalité, comme le rappelle l’avocat sénégalais, également auteur d’une thèse sur les opérations de transfert des footballeurs professionnels. C’est actuellement le règne des filières informelles, fruit des relations qui se sont tissées entre des centres de formations et des agents sportifs, en dehors de tout cadre réglementaire.
Le rêve de beaucoup d’africains de devenir footballeur professionnel pousse le système dans ses excès et révèle ses incohérences. Pour s’en convaincre, il suffit juste de s’intéresser au problème du transfert des mineurs. Bien qu’il soit interdit par la réglementation FIFA, sauf cas de figure bien particuliers, la course aux jeunes talents se fait de plus en plus rude entre les clubs européens qui viennent alors puiser dans les centres de formation africains. On se retrouve alors dans des montages de plus en plus complexe débouchant finalement trop souvent sur le drame humain du jeune africain amené en Europe pour devenir footballeur professionnel et qui se retrouve à errer dans les rues d’une ville. Mais le problème des transferts est aussi lié à celui de la fraude sur l’âge des joueurs africains. Lorsqu’on sait que le montant des transferts se calcule en fonction du talent et de l’âge du joueur, on comprend que les premiers gagnants d’une telle fraude sont les clubs et les agents. Un problème qui en appelle un autre, celui des agents de joueurs. Moustapha Kamara s’interroge aussi sur l’absence d’agents africains dans les grands transferts de footballeurs.

Personnellement, j’ai choisi ce sujet concernant la fraude sur l’âge des joueurs en Afrique qui crée une polémique concernant la dignité et la dimension humaine du commerce du football. C’est un mal qui gangrène l’univers du football, cette triche sur l’âge des joueurs en général, et notamment des jeunes en provenance d’Afrique.

Je suis un étudiant venant de la Tunisie, ce sujet nous concerne indirectement parce que je sens qu’on est opprimé, comme ainsi les autres pays du nord d’Afrique, au niveau national par rapport aux autres pays de l’Afrique au sud du Sahara.
Le débat sur l'âge réel des joueurs africains, surtout dans les compétitions dites des petites catégories. Ils sont nombreux à aller à la retraite juste après avoir joué dans les sélections cadette, junior voire espoir. Ce qui constitue un véritable gâchis pour le continent.
Le diagnostic a pourtant révélé l'origine du mal qui se trouve au niveau des états civils. Mais, avec la complicité des autorités, la problématique semble insoluble. Les responsables à haut niveau de football disent que " sur cette question relative à l'âge réel des joueurs, il faut comprendre que nous sommes largement en avance sur les sud-américains. On ne pense pas que ça nécessite autant de bruits".
Je pense que ça se joue aussi au niveau des sélectionneurs locaux qui ferment les yeux quand il s’agit de la précarité de l’âge des jeunes joueurs, parce que ça reste en leur faveur. Ils améliorent leurs cv en gagnant la majorité des compétitions au niveau continental avec des équipes séniors cachées en équipes minimes ! La grande triche sur l’état civil des joueurs donne l’aide à des seniors pour qu’ils intègrent des équipes de juniors grâce à de faux papiers : une arnaque qui leur permet de briller sur le terrain.
L’Europe aussi est très touchée par ce système de la triche sur l’état civil qui serait en fait très courant, profitant surtout à des intermédiaires peu scrupuleux. Par ce système, des joueurs venus essentiellement d’Afrique espèrent se faire repérer dans des équipes juniors pour pouvoir ensuite faire carrière dans le foot européen.
De nos jours, la FIFA lutte contre le racisme ainsi que la fraude sur l’âge des joueurs. Cette lutte vient d’exister d’abord pour limiter l’injustice et le déséquilibre de forces au premier rang, et parce que ça représente aussi un danger sur la santé des joueurs au futur.

* Ressource bibliographiques : http://www.afrik.com/article7328.html http://www.droitdusport.com/imprimer/?id=ec8956637a99787bd197eacd77acce5e

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