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Les Restructurations

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Words 5684
Pages 23
Questions d’actualité en Gestion des Ressources Humaines | Restructurations | Luc Wilkin – Arnaud Moulin | Elodie Dufour – MA1 GRH
2014-2015
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1. Tant à Lille qu’à Bruxelles, dialogue social et restructurations ont été mis en relation. Qu’en pensez-vous ?

La notion de restructuration renvoie à diverses situations : fusion, concentration d’entreprises délocalisation, etc., qui se traduisent généralement par des mises en cause des conditions de travail et des suppressions d’emplois. Dans bien des cas, les restructurations sont assimilées à une crise mais elles deviennent progressivement un processus diffus et permanent. Il y a trois formes de restructuration dominantes : le licenciement collectif, la fermeture d’entreprise et le transfert conventionnel d’entreprise. Dans tous les cas, des procédures d’information et de négociation d’un plan social doivent être mise en place.
Les acteurs qui ont le plus de poids en période de restructuration sont les partenaires sociaux. On peut définir les partenaires sociaux comme étant des agents économiques participant à des négociations sociales. Ils sont constitués des représentants des travailleurs et des représentants des employeurs. Ils participent au dialogue social qui peut être bipartite lorsque l’Etat n’intervient pas, ou tripartite s’il intervient.
Les législations belge et française obligent l’employeur à consulter les partenaires sociaux avant de prendre une quelconque décision qui affecterait le volume des effectifs de l’entreprise.
Le dialogue social est défini par l’Organisation internationale du travail (OIT) comme étant «tous types de négociation, de consultation ou simplement d’échange d’informations entre les représentants des gouvernements, des employeurs et des travailleurs selon des modalités diverses, sur des questions relatives à la politique économique et sociale présentant un intérêt commun. Il peut prendre la forme d’un processus tripartite auquel le gouvernement participe formellement ou de relations bipartites entre les travailleurs et les chefs d’entreprise (ou les syndicats et les organisations patronales), où le gouvernement peut éventuellement intervenir indirectement».
La consultation est soit informelle, soit institutionnalisée, soit souvent une combinaison des deux. Elle peut avoir lieu au niveau national, régional ou au niveau de l’entreprise. Elle peut être interprofessionnelle, sectorielle ou une combinaison des deux. Pour que le dialogue social fonctionne, l'État ne peut pas rester passif, même s'il n'est pas un intervenant direct dans le processus. Il a pour mission de créer un climat politique et civil stable qui permette aux organisations d'employeurs et de travailleurs autonomes de fonctionner librement, sans crainte de représailles. Même lorsque les relations dominantes sont officiellement bipartites, il faut que l'État fournisse un soutien essentiel aux actions des parties en mettant à leur disposition le cadre juridique, institutionnel et autre qui leur permette d'agir efficacement.
Dès lors, on comprend qu’en période de restructuration, le dialogue social aide les différents acteurs sociaux à se concerter et à négocier, dans le but de construire des propositions concrètes autour de l’organisation du travail. En ce sens, il serait un outil stratégique qui participerait à la mise en application d’un projet de restructuration. Celui-ci n’est bien conduit que lorsque les acteurs sociaux remplissent leur rôle et définissent clairement les règles. Il permet ainsi aux partenaires sociaux d’établir les conditions d’un changement préalablement négocié, en prenant en compte des aspects qui sont à la fois sociaux et économiques.
En matière de dialogue social et de représentation des travailleurs, les acteurs les plus importants sont les syndicats. En Belgique comme en France, les syndicats sont les acteurs principaux de la négociation collective auprès des employeurs bien qu’il y ait d’importantes disparités entre les deux pays en ce qui concerne le taux d’affiliation. En effet, alors que la Belgique enregistre un taux de syndicalisation très élevé (60%), la France est l’un des pays où le taux d’affiliation se situe bien en dessous de la moyenne européenne (8%). Cependant, ce taux d’affiliation n’est pas significatif. Ce qui détermine le bon fonctionnement du modèle de concertation sociale, c’est le taux de couverture des négociations collectives qui frôle les 100% dans les deux pays et couvre donc presque la totalité des travailleurs.
En ce qui concerne la représentation des travailleurs, elle est semblable dans les deux pays puisqu’un décret a été adopté par les Etats membres de l’Union européenne afin d’harmoniser les organisations représentatives du personnel. Il s’agit de la procédure de consultation et d’information des représentants des travailleurs qui oblige à mettre en place des systèmes d’information et de consultation dans les entreprises qui comptent plus de 50 travailleurs. Le même seuil est requis pour pouvoir créer un comité/conseil d’entreprise. Il est repris par une grande majorité des Etats membres dont la Belgique et la France.
Les négociations entre les différents organes aboutissent à l’élaboration de conventions collectives de travail (CCT), lesquelles ont un caractère supplétif. On distingue trois formes de CCT en fonction du niveau sur lequel elles portent. Il y a les CCT interprofessionnelles qui sont conclues au sein du Conseil National du Travail et qui ont force de loi pour les entreprises du secteur privé. Ensuite il y a des CCT qui sont conclues au sein des commissions paritaires et n’ont donc une force contraignante qu’au niveau sectoriel. Les dernières CCT résultent de négociations entre la direction d’une entreprise et les représentants des travailleurs et n’ont donc de force contraignante qu’au sein de l’entreprise.
Le 13 février 1998, le législateur belge a promulgué une loi dite « Loi Renault » dont le but est d’empêcher le non-respect des procédures d’information et de consultation. L’article 66 de la Loi Renault souligne spécifiquement l’obligation de suivre cette procédure telle qu’elle a été fixée par la Convention collective de travail n°24 et définit les étapes que l’employeur doit suivre. La première consiste à remettre un rapport écrit sur son intention d’entamer une procédure de licenciement collectif et à transmettre une copie de celui-ci au directeur du service subrégional de l’emploi (VDAB, Forem ou Actiris selon la région) et au Service public fédéral Emploi, Travail et Concertation sociale. L’employeur doit ensuite pouvoir prouver qu’il les a rencontrés pour les informer oralement de sa volonté de procéder à un licenciement collectif. La troisième étape l’enjoint à consulter les travailleurs pour qu’ils puissent le questionner, argumenter et faire des contre-propositions. Enfin, l’employeur est tenu d’examiner les questions, arguments, contre-propositions et d’y répondre.
Par la suite, le projet de licenciement collectif doit être notifié au Directeur du service subrégional de l’emploi de la région concernée, à qui il doit prouver qu’il a bien respecté les quatre étapes décrites ci-dessus. Il doit aussi soumettre une copie au service fédéral Emploi, Travail et Concertation sociale.
Durant les 30 jours suivants la notification, qui peut être portée à 60 jours par le Directeur du service subrégional de l’emploi, les travailleurs ne peuvent être licenciés et le non-respect de la procédure peut être dénoncé par les représentants des travailleurs. Après ce délai, l’employeur peut procéder au licenciement du travailleur qui peut alors contester la procédure dans le cas où ses représentants l’auraient eux-mêmes préalablement contestée.
Le dialogue social, plus particulièrement dans sa forme tripartite, exige un consensus très complexe, qui peut ne pas aboutir. Cela prend plus de temps que ce qui est décidé unilatéralement car il faut harmoniser des intérêts divergents, voire contradictoires la plupart du temps pour aboutir à un accord. C’est pourquoi, mener avec succès le dialogue social n’est pas chose facile. Cependant, la recherche de consensus peut être rendue encore plus complexe quand les pouvoirs publics s’immiscent dans le processus et quand il faut arriver à un accord qui peut devenir une disposition légale.

2. L’actualité récente en Belgique annonce des changements en ce qui concerne les régimes de prépensions. D’après vous, quelles conséquences ces changements auront-il sur les négociations lors d’une restructuration ? Et sur l’emploi ?

Depuis le premier janvier 2015, les travailleurs en régime de chômage avec complément d’entreprise, anciennement appelé régime de prépension, doivent rechercher activement un emploi. En effet, depuis l’instauration de cette nouvelle règle, les travailleurs qui n’avaient pas 60 ans à la date du 31 décembre 2014 et qui sont prépensionnés depuis le premier janvier 2015 sont désormais considérés comme étant au chômage et doivent donc redevenir actifs sur le marché du travail. Cette mesure concerne également les travailleurs prépensionnés pour des raisons médicales. Avant, les travailleurs prépensionnés étaient en disponibilité passive. Ils sont désormais en disponibilité active. Cela signifie qu’ils sont obligés de rechercher activement un emploi jusqu’à leurs 65 ans et de s’inscrire au FOREM, de répondre aux convocations, aux offres d’emploi et de formation. Comme les chômeurs et les nouveaux arrivants sur le marché du travail, ils doivent prouver qu’ils font toutes les démarches nécessaires pour trouver un emploi et, après contrôle, s’il s’avère que leurs efforts de recherche étaient insuffisants, ils sont bannis du chômage et perdent leur allocation de prépension. En outre, les travailleurs concernés n’ont plus le droit de séjourner plus de quatre semaines par an à l’étranger, ni de commencer une activité complémentaire. Cette mesure a été légalisée rétroactivement, ce qui signifie qu’elle vise même les travailleurs qui bénéficiaient de l’ancien régime de prépension. Par conséquent, les personnes qui ont quitté leur entreprise pour partir en prépension, que ce soit de manière volontaire ou de manière involontaire suite à une restructuration, doivent aujourd’hui à nouveau rechercher un emploi comme un chômeur lambda ou comme un jeune qui n’a pas d’emploi. De plus, ces personnes sont souvent obligées d’accepter un emploi aux conditions de travail et de rémunération nettement inférieures à celles dont ils bénéficiaient avant au risque de se voir exclus du chômage et de perdre leur allocation de RCC. L’affluence des travailleurs contraints d’accepter n’importe quel emploi va avoir pour conséquence une détérioration des conditions de travail et de rémunération pour l’ensemble de la population active. Il s’agit donc d’une mesure qui ne va faire qu’augmenter la précarité de l’emploi. Cette mesure fâche tout le monde, y compris les syndicats qui ont le sentiment que le gouvernement méprise la concertation sociale, en venant modifier les accords convenus entre les partenaires sociaux.
Mais quelles conséquences auront ces changements sur les négociations lors des restructurations ?
Dans le cas d’une restructuration, l’employeur doit annoncer une procédure de licenciement collectif qui doit être notifiée au service de l’emploi. Le cas échéant, l’employeur est tenu d’entamer une procédure d’information et de consultation des travailleurs. En Belgique, il n’y a pas de cadre légal explicite pour élaborer un plan social. Ce dernier porte sur les possibilités qu’on les travailleurs de recourir à une prépension anticipée, sur les indemnités extra-légales qui leur sont accordées en cas de licenciement et sur les modalités d’accompagnement des travailleurs au sein d’une cellule pour l’emploi. Depuis peu, la réglementation oblige à mettre en place une cellule pour l’emploi pour tous les cas de licenciement collectif qui concernent les entreprises de plus de 20 travailleurs. Une cellule pour l’emploi est une association qui regroupe au moins quatre institutions : l’entreprise en restructuration, une organisation syndicale, le fond sectoriel de formation, le service public de l’emploi et de la formation professionnelle. Son rôle consiste à mettre en place des mesures d’accompagnements pour les travailleurs licenciés dans le cadre d’une restructuration d’entreprise en proposant, notamment, des formations afin de favoriser le reclassement professionnel des travailleurs de plus de 45 ans et de diminuer le recours aux prépensions anticipées. Auparavant, cette procédure d’accompagnement était facultative mais elle est récemment devenue obligatoire et, son refus étant considéré comme un refus d’emploi, les travailleurs concernés sont désormais soumis à un contrôle et à des sanctions dans le cas où ils refuseraient de collaborer.
Auparavant donc, la prépension constituait un filet de sécurité pour les travailleurs victimes de restructuration, c’était une alternative envisageable au plan social. Mais avec l’instauration du nouveau régime, les travailleurs risquent de ne plus accepter un départ en chômage avec complément d’entreprise, craignant de devoir accepter un emploi aux conditions de travail et de rémunération bien inférieures à celles dont ils bénéficiaient avant ou, à défaut de trouver un emploi, de se retrouver bannis du chômage et sans allocation.
De nombreux travailleurs qui ont été victimes d’une restructuration et dont les négociations avaient abouti à un départ en RCC, se retrouvent aujourd’hui dans l’obligation de revenir sur le marché du travail, contraints d’accepter des emplois précaires, alors qu’ils auraient pu bénéficier d’un plan social. D’autres encore se retrouvent dans une situation misérable parce qu’ils avaient tout vendu pour vivre à l’étranger et qu’il est désormais interdit de séjourner plus de 4 mois à l’étranger.
En définitive, le recourt à la prépension n’est plus une option envisageable dans le cas d’une restructuration d’entreprise.

3. D’une manière générale, au vu de la tonalité des propos échangés lors des deux journées, avez-vous perçu des différences en ce qui concerne les acteurs mobilisés lors d’un processus de restructuration entre la France et la Belgique ?
On observe des disparités importantes entre les systèmes de relations professionnelles français et belge. Le niveau d’institutionnalisation collective est en effet nettement plus élevé en Belgique qu’en France. Pour déterminer celui-ci, plusieurs variables sont à prendre en considération : le taux d’affiliation syndicale, le rôle de l’Etat et le degré de centralisation de la négociation collective. En Belgique, le taux d’affiliation dépasse les 50 pourcent, il est donc assez élevé et stable par rapport à la France qui a un taux d’affiliation très faible (entre 10 et 20 %) et en régression. (Insérer graphique page 92)
Le rôle de l’Etat, qui se traduit par le niveau de couverture par les accords collectifs, est une seconde variable à prendre en compte. En Belgique, l’Etat transpose les conventions collectives en règles légales de sorte que le taux de couverture national frôle les 100%. En France, bien que le taux d’affiliation soit très faible, les négociations de branches sont importantes et l’Etat tient un rôle capital dans la généralisation de la négociation collective, ce qui fait que, étonnamment, le taux de couverture est analogue à celui de la Belgique.
La troisième variable à prendre en compte est le niveau privilégié des négociations. En Belgique comme en France, les négociations se déroulent davantage au niveau sectoriel qu’aux niveaux national et de l’entreprise. Toutefois, en France, l’Etat pèse beaucoup plus sur les décisions qui touchent aux problèmes sociétaux et à l’organisation sociale, tandis que la Belgique est un pays où l’on donne beaucoup plus de pouvoir aux corps intermédiaires.
En effet, en France, l’Etat encadre voire même intervient dans les négociations entre les partenaires sociaux à un tel point qu’il peut parfois sembler être l’acteur principal de la régulation sociale. En outre, en raison de leur très faible représentativité (taux d’affiliation à inférieur à 10%), les syndicats se retrouvent bloqués dans une relation de dépendance et de concurrence avec l’Etat mais préservent néanmoins l’illusion de leur pouvoir par « des coups d’éclats sociaux » quelques fois très mobilisateurs, dans l’intérêt d’établir un contexte favorable. Quant aux gouvernements français, très interventionnistes dans le domaine social, ils ne semblent pas vouloir abdiquer et renoncer aux partenaires sociaux, malgré qu’ils soient aussi peu représentatifs, parce qu’ils appréhendent le conflit ou simplement par facilité, d’autant plus que la faible notoriété des syndicats légitime une politique interventionniste.
Il en résulte que le droit du travail français est principalement législatif. Les syndicats jouent davantage un rôle de blocage, le conflit semblant compenser le manque de dialogue.
La situation sociale belge est différente. Bien qu’elle réponde globalement aux caractéristiques du modèle de l’Europe continentale et donc de la France (forte réglementation sociale et syndicalisme diversifié idéologiquement), qu’elle ait un paysage institutionnel et des bases légales semblables (excepté le fait que la concertation sociale belge soit plus bipartite et conventionnelle à la différence de la concertation française qui est tripartite et législative), la Belgique dispose d’un modèle de concertation sociale plus efficace. Certes, son organisation sociale est remise en question car mise à mal par la crise économique et la concurrence internationale. Mais, contrairement à la France, il y a en Belgique, un consensus entre les partenaires sociaux, plus représentatifs que la moyenne européenne, tous désireux de gérer les relations de travail eux-mêmes.
Pour cause, l’organisation politique de la Belgique est propice au dialogue. En effet, la Belgique est un Etat fédéral composés de plusieurs entités fédérées. Ce découpage institutionnel rend obligatoire le partage du pouvoir. Chaque communauté et chaque région dispose d’une certaine autonomie et a ses compétences propres. Elle est aussi composée de trois grands piliers : le pilier catholique, le pilier socialiste et le pilier libéral, chacun d’eux étant constitué de diverses organisations telles que les mutuelles, universités, partis politiques, hôpitaux… Face à une telle complexité fonctionnelle, la Belgique a été amenée à développer une « culture du consensus », très favorable au dialogue social. De là vient cette tendance à vouloir résoudre les tensions de manière pacifique, par la négociation. Cette recherche du consensus se manifeste dans le domaine socio-économique, à travers son système de relations collectives de travail.

4. La photographie et le théâtre ont été présentés comme des moyens d’expression pour les travailleurs victimes d’une restructuration. Que retenez-vous de cette approche ?

En période de restructuration, il ne faut pas oublier que l’entreprise n’est pas seulement une société de capital mais qu’elle existe aussi en tant que communauté humaine au sein de laquelle s’installe une relation d’interdépendance entre trois types d’acteurs: salariés, employeurs et actionnaires. Cet aspect humain n’est pas toujours bien représenté dans les différents medias et travaux scientifiques. C’est là que l’art a un rôle à jouer.
Les restructurations font partie intégrante de la vie de toute entreprise. Le phénomène n’est pas nouveau mais il a bien évolué ces dernières années, tant en termes de contextes et de causes qui l’animent qu’en termes de dispositions et de manifestations qu’il peut prendre, passant d’un état de crise à une forme de pratique permanente, diffuse et répétitive. Ce phénomène est devenu banal et universel même s’il reste en partie dépendant du contexte dans lequel il s’inscrit. Simultanément, les restructurations sont toujours complexes et pénibles pour les entreprises concernées, pour les acteurs qui en subissent les conséquences, pour les acteurs qui prennent les décisions et ceux qui doivent les mettre en œuvre. Le phénomène de restructuration apparait ainsi comme étant l’emblème même de cette complexité organisationnelle où différentes catégories d’acteurs cohabitent et, dans le même temps, adhèrent à une action collective. Les chercheurs de différents domaines scientifiques se sont largement penchés sur la problématique des restructurations mais ils ont cherché à déterminer les causes et les conséquences de celles-ci, sans jamais aborder les multiples dimensions peu visibles de ce phénomène complexe. La photographie et le théâtre peuvent apparaitre comme matériaux susceptibles d’offrir une meilleure compréhension du phénomène, dans le sens où ce sont des artefacts de médiation qui appréhendent les aspects souvent dissimulés des restructurations, tels que les ressentis, les expériences, les identités, les émotions. Car, même si les ethnologues semblent les plus compétents pour mettre en lumière ces aspects expérientiels, ceux-ci rencontrent inévitablement des problèmes d’accès au terrain et aux données. En effet, étant un sujet très sensible, les restructurations ne permettent pas un accès facile aux chercheurs, en tout cas dans le feu de l’action. Les démarches d’analyse ne sont souvent possibles que bien après la survenue de la restructuration et donc « à froid ». En outre, la multitude de catégories d’acteurs impliqués dans ces situations ne fait qu’augmenter les difficultés d’analyse pour les chercheurs qui, par souci de cohérence, ne peuvent prendre en compte les perceptions de chacun, la pluralité des voix. Dans le même temps, les artistes s’intéressent de plus-en-plus aux phénomènes de société et, plus particulièrement, aux restructurations d’entreprise. Photographies, pièces de théâtre, films, etc., sont autant d’artefacts de médiation qui permettent de mieux comprendre ce phénomène de restructuration. De la même manière que les recherches scientifiques, ces productions artistiques nous parlent de la société. En d’autres termes, l’art est considéré comme une méthode d’investigation et d’exposition plus que légitime pour aider à comprendre les problématiques sociétales. L’avantage, c’est que les artistes, contrairement aux chercheurs, ont la possibilité, la liberté d’entrer dans le vif de l’action et de dévoiler des aspects des restructurations dont les acteurs eux-mêmes et les chercheurs n’auraient jamais pensé qu’ils existaient. En outre, les artistes ne sont pas animés par ce souci de cohérence qu’ont les chercheurs et qui les empêchent de représenter la situation avec la polyphonie qui la caractérise, mais peuvent représenter les interactions entre les multiples acteurs aux voix divergentes. Ils peuvent ainsi capter les expériences et les émotions « à chaud » et, en représentant les divers acteurs aux voix diverses, instaurer une forme de « dialogue démocratique ».
C’est dans cette perspective que François Daniel, photographe professionnel, a été contacté pour suivre quotidiennement les occupants de l’usine Chaffoteaux à Saint-Brieuc. La direction de l’usine annonçait en 2009 la quasi-fermeture de cette entreprise phare. S’en suivirent des manifestations à Saint-Brieux et à Paris, puis une occupation de l’usine. L’intérêt premier de cette démarche était de faire parler de la lutte et d’en conserver des traces. Le travail du photographe porte peu sur des évènements spectaculaires mais nous montre la vie quotidienne des acteurs de la lutte, des moments ordinaires durant lesquels les salariés peuvent sembler exagérément sereins. Les photographies montrent que les restructurations ne se limitent pas aux actions visibles, elles offrent une vision du conflit un peu décalée : l’attente au soleil devant les cars, un syndicat qui prend la parole au micro, un journaliste qui photographie des manifestants… C’est l’arrière scène du conflit qui est dévoilé dans ces photos : l’occupation du site, des ouvriers qui font des affiches et des banderoles, déjeunent, jouent, se repose… On y voit un conflit assez joyeux, une certaine légèreté qui, de l’extérieur, peut être difficile à comprendre étant donné le contexte.
La mise en scène théâtrale est un autre moyen d’expression qui peut aider les salariés à traverser les périodes difficiles que sont les restructurations. Celles-ci sont souvent assimilées à des ruptures, des pertes de sens, de valeurs, de repères et de confiance. L’œuvre théâtrale peut être utilisée pour rendre compte de ces ruptures et pour redonner du sens. C’est une manière artistique de traiter la douleur pour aller de l’avant. C’est dans cette optique que Monsieur Laborde, président de la société « Théâtre à la carte » intervient dans les entreprises, souvent à la demande des DRH, en faisant travailler des comédiens formateurs sur des thématiques d’entreprise. Selon lui, « ces interventions artistiques ont pour effets de regagner la confiance des salariés, d’engager la parole, de redonner une place à la communication de l’émotion dans le champ professionnel, de prendre une certaine distance par rapport au quotidien et de se projeter dans un avenir possible ».
En définitive, la photographie, le théâtre et toute autre forme d’art offrent une vision des restructurations telles qu’elles sont vécues et appréhendées par les acteurs impliqués et permettent donc d’avoir une connaissance expérientielle de celles-ci. Ces formes de représentation sont les seules à pouvoir dévoiler les aspects des restructurations dont on n’aurait jamais pensé qu’ils existaient et à pouvoir saisir la complexité de ce processus qui met en relation différents acteurs aux objectifs et aux voix contradictoires.

5. En tant que futur(e) DRH, quelles leçons avez-vous tirées de ces deux journées ?

Au jour d’aujourd’hui, les restructurations ne sont plus assimilées à des crises mais sont considérées comme une étape inévitable et normale dans la vie de toute entreprise, permettant à celle-ci de s’adapter à un marché en constante évolution. Elles concernent autant les entreprises qui se portent bien que celles qui sont en difficulté. Les restructurations ont des conséquences négatives sur l’emploi et sont souvent génératrices d’angoisse, de frustration, de sentiments d’injustice auxquels il faut pouvoir répondre.
Dès lors, on comprend qu’en situation de restructuration, les RH ont un rôle d’accompagnateurs important à jouer. En effet, il de leur responsabilité d’intervenir dans la mise en œuvre des restructurations afin de faciliter celles-ci.
Chaque situation de restructuration est unique et requiert des actions RH « sur mesure » mais un certain nombre de pratiques peuvent être adoptées par tous.
Tout d’abord, il est primordial que les RH aient un plan de communication précis car la communication est un facteur de réussite des restructurations. Ils doivent envisager tous les scénarios possibles et déterminer le rôle que chacun aura à jouer dans le processus. La communication doit être claire, de sorte qu’il n’y ait pas ou moins de rumeurs. Les RH doivent pourvoir expliquer clairement les changements que l’entreprise s’apprête à faire, quelles personnes sont concernées, etc. Elle doit pouvoir aussi expliquer quel soutien sera accordé aux travailleurs, avant, pendant et après la restructuration. Il faut que les salariés puissent comprendre les raisons de ces changements même s'ils n’y adhèrent pas. Il faut qu’ils comprennent que le processus appliqué est juste et transparent afin de modérer les tensions et d’aider les « survivants » à ne pas se sentir coupable envers ceux qui sont licenciés.
Ensuite, les RH doivent jouer un rôle d’accompagnateurs. Il est de leur ressort de former les managers afin qu’ils soient capables d’accompagner les collaborateurs tout le long du processus de restructuration à travers des pratiques de coaching, les formations ciblées… Les salariés sont ceux qui subissent le plus les conséquences des restructurations, il est donc important de les accompagner et de leur permettre de s’exprimer sur leurs incompréhensions et réticences au changement à travers des jeux de rôle, du coaching collectif, en organisant des team building… Cela permet de remotiver l’équipe donc de réduire le risque de conflit. Il faut qu’ils se sentent engagés dans le projet dès le début.
La restructuration constitue un moment opportun pour améliorer le climat social. C’est pourquoi les RH doivent saisir cette occasion pour déterminer ce qu’est un climat social, informer les membres de l’entreprise sur les règlementations et les pratiques existantes dans les autres entreprises, sensibiliser les managers et les former pour qu’ils puissent mettre en œuvre des moyens contribuant à établir un meilleur climat social et donc à développer un sentiment d’appartenance chez les collaborateurs vis-à-vis de leurs équipes. L’implication des différentes instances représentatives du personnel et les syndicats est une nécessité que les RH ne doivent pas perdre de vue.
Ensuite, les RH doivent prévenir les risques psycho-sociaux en informant les managers sur les répercussions que peuvent avoir les restructurations sur la santé des collaborateurs. Dans cette même optique, il ne faut pas oublier les besoins qu’ont ces derniers de s’exprimer et de partager leur ressentis. Pour satisfaire ces besoins, les RH peuvent mettre en place divers dispositifs tels qu’une cellule d’accompagnement et de soutien. Le mieux serait d’agir en amont, en formant les travailleurs à la gestion du stress au travail.
Ensuite, les RH ont pour mission de maintenir l’engagement des salariés « survivants ». Cela implique d’être honnête avec eux sur la suite des évènements, les tenir au courant à propos de ce qui a été mis en œuvre pour éviter d’autres structurations. Si la situation ne s’améliore pas et qu’un appel aux départs volontaires est envisagé pour les mois à venir, il faut que les salariés en soient informés. La transparence est indispensable pour ne pas avoir à revivre des processus pénibles.
Préparer un départ digne pour les travailleurs licenciés peut s’avérer être efficace pour regagner la confiance des survivants. Néanmoins, garder le contact avec eux trop longtemps peut accroître la culpabilité de ceux qui restent. C’est pourquoi les RH doivent gérer précautionneusement le transfert des compétences. Si certains des travailleurs licenciés possèdent des compétences spécifiques essentielles au développement de l’entreprise, les RH doivent s’assurer que le relais se fasse rapidement. Si la prise en considération des travailleurs licenciés est importante, celle des survivants l’est tout autant. Il faut communiquer clairement les nouveaux objectifs de l’entreprise et la manière dont chacun d’eux peut contribuer à leur réalisation pour les aider à se projeter dans un avenir commun.
Les RH doivent se concentrer davantage sur le développement personnel que sur la gestion des performances des travailleurs qui peuvent craindre, dans ce second cas, l’annonce prochaine de nouveaux licenciements.
En fin de compte, ce qu’il faut retenir, c’est qu’une entreprise ne peut être performante et efficace que si les hommes sont engagés. On ne peut le faire que si on a des hommes qui veulent porter le changement. On doit former, accompagner les gens pour qu’ils fassent bien leur boulot de manager. Si on ne dirige que l’activité et pas les hommes, ça ne peut pas bien se passer.
Le facteur humain, l’engagement, la motivation sont la clé de la réussite dans une restructuration. La direction doit bien comprendre que sans le facteur humain, elle n’arrivera à rien.

Bibliographie

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[ 1 ]. E., Martinez, « Structure de l’entreprise, relations du travail et théorie de la négociation, PUB, Bruxelles, 2014-2015.
[ 2 ]. E., Martinez, « Structure de l’entreprise, relations du travail et théorie de la négociation, PUB, Bruxelles, 2014-2015.
[ 3 ]. M., Karley, Dialogue social, Guide de l’Europe sociale, Vol 2, Commission européenne, 2012.
[ 4 ]. http://www.solsoc.be/IMG/pdf/Travail_decent_Libertes_syndicales_et_dialogue_social.pdf
[ 5 ]. H., Mbanangoye, « Dialogue social et restructurations : quelles logiques de négociation ? Approches rétrospectives croisées autour des pratiques d’acteurs », Thèse de psychologie du travail, Université de Picardie Jules Verne, 2010.
[ 6 ]. H., Mbanangoye, « Dialogue social et restructurations : quelles logiques de négociation ? Approches rétrospectives croisées autour des pratiques d’acteurs », Thèse de psychologie du travail, Université de Picardie Jules Verne, 2010.
[ 7 ]. H., Mbanangoye, « Dialogue social et restructurations : quelles logiques de négociation ? Approches rétrospectives croisées autour des pratiques d’acteurs », Thèse de psychologie du travail, Université de Picardie Jules Verne, 2010.
[ 8 ]. http://www.pourlasolidarite.eu/sites/default/files/publications/files/16-10-12 dialogue_social_qualite_de_vie_au_travail_-_light.pdf
[ 9 ]. http://www.pourlasolidarite.eu/sites/default/files/publications/files/16-10-12 dialogue_social_qualite_de_vie_au_travail_-_light.pdf
[ 10 ]. F., Naedenoen, O., Lisein, F., Pichault, « Anticiper et gérer la restructuration, Rapport national belge version provisoire », ITC, CIF, 2010.
[ 11 ]. http://www.fgtb-wallonne.be/actualites/2015/02/11/disponibilite-des-prepensionnes-quelles-consequences-concretes
[ 12 ]. http://www.fgtb-wallonne.be/actualites/2015/02/11/disponibilite-des-prepensionnes-quelles-consequences-concretes
[ 13 ]. http://www.fgtb-wallonne.be/actualites/2015/02/11/disponibilite-des-prepensionnes-quelles-consequences-concretes
[ 14 ]. http://www.fgtb-wallonne.be/actualites/2015/02/11/disponibilite-des-prepensionnes-quelles-consequences-concretes
[ 15 ]. http://www.fgtb-wallonne.be/actualites/2015/02/11/disponibilite-des-prepensionnes-quelles-consequences-concretes
[ 16 ]. http://www.rtl.be/info/belgique/politique/prepensions-a-la-prochaine-restructuration-il-n-y-aura-plus-de-filet-de-securite-setca-706876.aspx
[ 17 ]. E., Martinez, Sociologie du travail, PUB, Bruxelles, 2014-2015.
[ 18 ]. E., Martinez, « Structure de l’entreprise, relations du travail et théorie de la négociation, PUB, Bruxelles, 2014-2015.
[ 19 ]. F., Rycx, R., Plasman, « Décentraliser ou coordonner les négociations salariales pour réduire le chômage », Reflets et perspectives de la vie économique, De Boeck, 2001.
[ 20 ]. B., Fusulier, « La négociation sociale ne peut bien fonctionner que s’il y a une confiance dans l’autre et une reconnaissance de ce qu’il représente », Négociations N°6, De Boeck, 2006.
[ 21 ]. A., Saunier, « La concertation sociale en Belgique », Institut d’études politiques de Toulouse, Toulouse, 2006.
[ 22 ]. A., Saunier, « La concertation sociale en Belgique », Institut d’études politiques de Toulouse, Toulouse, 2006.
[ 23 ]. A., Saunier, « La concertation sociale en Belgique », Institut d’études politiques de Toulouse, Toulouse, 2006.
[ 24 ]. B., Fusulier, « La négociation sociale ne peut bien fonctionner que s’il y a une confiance dans l’autre et une reconnaissance de ce qu’il représente », Négociations N°6, De Boeck, 2006.
[ 25 ]. R., Beaujolin-Bellet, N., Bobadilla, D., Mourey, V., Perret, F., Pichault, G., Schmidt, V., Xhauflair, « Quand l’art parle des restructurations : au-delà du dévoilement, une forme d’expérimentation », Chaire MAI, Paris, 2012.
[ 26 ]. R., Beaujolin-Bellet, N., Bobadilla, D., Mourey, V., Perret, F., Pichault, G., Schmidt, V., Xhauflair, « Quand l’art parle des restructurations : au-delà du dévoilement, une forme d’expérimentation », Chaire MAI, Paris, 2012.
[ 27 ]. R., Beaujolin-Bellet, N., Bobadilla, D., Mourey, V., Perret, F., Pichault, G., Schmidt, V., Xhauflair, « Quand l’art parle des restructurations : au-delà du dévoilement, une forme d’expérimentation », Chaire MAI, Paris, 2012.
[ 28 ]. A., Buyankina, J., Charles, I., Malatray, C., Rouchon, « Restructurations d’entreprise : quels rôles et contribution de la fonction RH ? », Dauphine Université Paris, Equis, 2012.
[ 29 ]. A., Buyankina, J., Charles, I., Malatray, C., Rouchon, « Restructurations d’entreprise : quels rôles et contribution de la fonction RH ? », Dauphine Université Paris, Equis, 2012.
[ 30 ]. A., Buyankina, J., Charles, I., Malatray, C., Rouchon, « Restructurations d’entreprise : quels rôles et contribution de la fonction RH ? », Dauphine Université Paris, Equis, 2012.
[ 31 ]. A., Buyankina, J., Charles, I., Malatray, C., Rouchon, « Restructurations d’entreprise : quels rôles et contribution de la fonction RH ? », Dauphine Université Paris, Equis, 2012.

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History of Architecture Reviewer

...Architecture Comprehensive Examination Reviewer HISTORY AND THEORY OF ARCHITECTURE 1. The ornamental blocks fixed vertically at regular intervals along the lower edge of a roof to cover end tiles. a. ancones c. acroteria b. Antifixae 2. A continuous base or structure in which a colonnade is placed. a. stereobate c. stylobate b. Torus 3. The market in Greek architecture. a. Megaron c. agora b. Pylon 4. The smallest among the famous pyramids at Gizeh. a. Pyramid of Cheops c. Pyramid of Chephren b. Pyramid of Mykerinos 5. The largest outer court, open to the sky, in Egyptian temple. a. Sanctuary c. Irypaetral b. Irypostyle 6. The inner secret chamber in the mastaba which contains the statue of the deceased family member. a. Pilaster c. serdab b. Sarcophagus 7. The grandest of all Egyptian temples. a. Palace of Sargon c. Great temple of Ammon, Karnak b. Great temple of Abu-Simbel 8. The principal interior decoration of early Christian churches. a. stained glass c. painting b. mosaic 9. In early Christian churches, it is the covered space between the atrium and the church which was assigned to penitents. a. baldachino c. narthex b. apse 10. A dome placed on the drum. a. simple c. compound b. superpositioned 11. The architect of a church of Santa Sophia Constantinople, the most important church in Constantinople. a. Ictinus and Callicrates b. Apollodorous of Damascus and Isidorous on Miletus c. Anthemius of Tralles and Isidorous of Miletus 12. The second largest medieval cathedral...

Words: 19682 - Pages: 79

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Les Miserables: Journal Entries

...Les Misérables: Journal Entries Fantine: * Theme: “You have left a place of suffering. But listen, there will be more joy in heaven over tears of repentant sinner than over the white robes of a hundred good men” (Page 27) * Heaven is gladder when sinners forsake of its sins, than with the good men just being the same all throughout. “He lived peaceable, reassured, and hopeful, having but two thoughts: to conceal his life, and to sanctify his life: to escape from men and to return to God.”(Page 72) * He wanted to change his life, but still the natural man is still part of his mighty change of heart. Every time he would always have two thoughts: which is the desire of changing, and the other is the natural man that wants to rebel again. * Character: “See here! My name is Jean Valjean. I am a convict: I have been nineteen years in the galleys. Four days ago I was set free, …… I went to an inn, and they sent me away on account of my yellow passport …… I am very tired—twelve leagues on foot, and I am so hungry. Can I stay?” (Page 17) * Jean Valjean described himself in this quotation, he sees his life as an empty glass no one is accepting him after hew as set free. He then said, his tired of trying his chance to accommodate himself with people, but people is pushing him away on his yellow passport. “He thought he saw himself, older, doubtless, not precisely the same in features, but alike in attitude and appearance...

Words: 2317 - Pages: 10

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Les Miserables Movie Guide

...Les Miserables is a movie about people with miserable lives. Each of them has a unique story that portrays why their lives are miserable. The sacrifices and pains of the lead characters in this movie are intense and breathtaking. Jean Valjean is a convict in a French prison. He’s been serving his sentence for 19 years for stealing a loaf of bread for the daughter of his sister that was starving to death and trying to escape prison as well. Javert a police inspector is keen enough to hover over prisoner 64201—Valjean. Javert then grants Valjean his parole since his sentence is over. The parole has itineraries for which Valjean must abide at all times. It includes the yellow badge that Valjean shall wear at all times to show people that he is a dangerous man. Depite Valjean’s freedom there is still something missing that he doesn’t seem to find out what could it possibly be. He tried to apply for jobs but was rejected for carrying the badge. He becomes hopeless and even stole a silverware from Myriel—a presiding bishop. Myriel gave refuge to Valjean and covered for his misdeeds. Valjean then hides beneath the name of Madeleine. He then manages and owns a manufacturing company in the town of Montreuil-sur-mer. This made him wealthy enough to try to bring up the town’s prosperity. Fantine fell in love, got pregnant and the man she fell for eventually abandons her and their child. She then traveled to the town of Montfermil with her child, Cosette. She made a deal with Monsieur...

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Erie

...Cité Industrielle, urban plan designed by Tony Garnier and published in 1917 under the title of Une Cité Industrielle. It represents the culmination of several philosophies of urbanism that were the outgrowth of the Industrial Revolution in 19th-century Europe. The Cité Industrielle was to be situated on a plateau in southeastern France, with hills and a lake to the north and a river and valley to the south. The plan takes into consideration all the aspects necessary to running a Socialist city. It provides separate zones for separate functions, a concept later found in such new towns (see new town) as Park Forest, Ill., and Reston, Va. These zones—residential, industrial, public, and agricultural—are linked by location and circulation patterns, both vehicular and pedestrian. The public zone, set on the plateau much in the manner of the Hellenistic acropolis, is composed of the governmental buildings, museums, and exhibition halls and large structures for sports and theatre. Residential areas are located to take best advantage of the sun and wind, and the industrial district is accessible to natural power sources and transportation. The “old town” is near the railroad station to accommodate sightseers and tourists. A health centre and a park are located on the heights north of the city, and the cemetery to the southwest. The surrounding area is devoted to agriculture. The plan itself is clearly in the Beaux-Arts tradition, tempered by a natural informality possibly derived...

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Lei Miserables

...Louiemar C. Francisco BSA 2-3 “Look down, and show, some mercy if you can. Look down, look down, upon your fellow man” – lei miserables I remember this line at the start of the movie and this make me say “wow” without thinking. My favorite movies are those that there are slaves and they will rise and revenge to their masters, something like that. And with that song, I got a clue that lei miserables would be one of my favorites. Honestly I have not read the story of lei miserables that’s why I don’t know if I could I understand the movie. Luckily, my brother watched with me and he narrates me the story while I am watching it so I am able to understand the story. The actors and actresses were able to portray their roles in a creative manner. Acting while singing or vice versa is I think one of the hardest part of being an artist that’s why I praised these characters. They do have many talents aside from acting. I thought those characters all came from a choir. The director was able to describe the setting during the French revolution (18 century), the houses, the firearms, their dresses, their houses, the architectures, the atmosphere, etc, making the movie realistic. The movie is a story love. Love for the country, when a revolution broke out because of the political rule of monarchy (history). I was amazed that all of them even the women and child were united under a single principle that the political rule of France must be given to the people and not to a single...

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Cultural Event

...[pic] Cultural Event Week 1 Chris Dahir HUM/100 Ronald Schaffer University of Phoenix May 19, 2009 One of the most unforgettable cultural events I have attended was the musical, Les Miserables, which is set during the early 19th century when France was on the verge of one of their many waves of revolutions. When we arrived at the theater my friend who I was with, ran into a good friend, who also happened to be the manager at the theater that evening. He graciously sat us in seats three rows back from the stage, rather than in the seats we had purchased. The experience was remarkable as we could see every facial expression and the sweat on the brow of each of the actors. I have had the privilege of seeing Andrew Lloyd Weber’s production of Phantom of the Opera twice and each time the play was magnificent, but the experience of watching Les Miz from so close up, gave me a completely different experience, as everything was so much more profound. I have been to concerts, movies, and I have read many books, but my experiences from attending live performances at the theater have been multi faceted and seem to encompass all the others. To address the many scenes and characters in Les Miz would take more words than we are allowed, but I would like to focus in on a scene that takes place between the main character of Jean Valjean and the Bishop of Digne. Jean Valjean was arrested for stealing bread for his sister and her family during a time when the poor were very...

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Architecture and Cubism

...focusing in opposite way, by sacrificing the picture itself for the subject matter. The subject matter becomes the most important part of Cubist tradition, while keeping the originality of the idea without transforming it. The maximum effect could be achieved by presenting it, where subject matters to public. The function starts to become the driving force. The cubist tradition in a way of futurist subject could be considered as a rise of new modernism in architecture, which creates the most impressive architecture such as Le Corbusier’ Chapelle Notre Dame du Haut, Frank Lloy Wright’s Guggenheim Museum and Mies Van Der Rohe’s Barcelona Pavilion. All three examples together are clearly intended to show the progress of impressive design in architecture. Both cubist and futurism styles of design produce fascinating piece of architecture, where Futurism helped to produce the most successful architectural development in history. Having thus combined the ideas of Le Corbusier and Braque delivers the point that the generations come up with the successive perfectionism while taking away not only the architecture traditions of their past, as well as stopping to produce out-of -date tools which creates bad things of just using a bad tool, which should be replaced by creating a new...

Words: 300 - Pages: 2

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Oppressedx

...* Les Misérables synopsis: * Ex-convict Jean Valjean is the main character in Victor Hugo’s novel about the injustices of French society, Les Misérables (1862, trans. 1862). * At the time of the novel’s writing, Hugo was living in exile on the island of Guernsey—his home since 1855 when Napoleon III banished him from France. Napoleon censored the press and banished many writers and their works. * In the following excerpt from the novel, Valjean is tending to the dying Fantine, a prostitute and single mother. * Fantine is frantic about the welfare of her only child, Cosette, and Valjean tries to comfort her. Javert—a dogmatic police officer who spends most of the novel tracking Valjean--enters Fantine’s room and frightens her, with tragic consequences. * My feedbacks: * From the bare abstract, the story does not seem to promise much pleasure to novel-readers, yet it is all alive with the fiery genius of Victor Hugo, and the whole representation is so intense and vivid that it is impossible to escape from the fascination it exerts over the mind. * Its tendency is to weaken that abhorrence of crime which is the great shield of most of the virtue which society of today possesses, and it does this by attempting to prove that society itself is responsible for crimes it cannot prevent, but can only punish. * I learned that the bigotries of virtue are better than the charities of vice. * On the whole, therefore, I think that Victor...

Words: 279 - Pages: 2

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Defining Humanities

...humanities. Art Art has long been a means of expressing social or political ideas. Anselm Kiefer took art and brought it to an entirely new level by using his art to bring attention to national identity and collective memory. In the process his art began evolving to include occult symbolism, theology, and mysticism. All of his work shares a common theme of the trauma experienced by entire societies and the continual rebirth and renewal in life. Kiefer’s works are usually designed in a depressive and destructive style in large scale formats. He often uses photography in conjunction with earth and raw materials. Kiefer is known to include names of people o ... One of the most unforgettable cultural events I have attended was the musical, Les Miserables, which is set during the early 19th century when France was on the verge of one of their many waves of revolutions. When we arrived at the theater my friend who I was with, ran into a good friend, who also happened to be the manager at the theater that evening. He graciously...

Words: 877 - Pages: 4

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Functionalism-Sullivan, Lecorbusier

...Function or 'functionalism' in architecture is the defining principle which in its simplest form states that a building or structure should be derived solely from the function it is intended to fulfill. Employed by pioneering modernist architects including Louis Sullivan and Le Corbusier, functionalism, stood alone as the cornerstone of their definitions of honest, pure, and beautiful structure. In Louis Sullivan's 'Kindergarten Chats and Other Writings' he exposes the true inter-correlations at work between function and form (structure): "I suppose if we call a building a form, then there should be a function, a purpose, a reason for each building, a definite explainable relation between the form, the development of each building, and the causes that bring it into that particular shape; and that the building, to be good architecture, must, first of all, clearly correspond with its function, must be its image as you would say." Functionalism as an architectural principle can be traced back as far to the Vetruvian principles of Greek and Roman structure. For Louis Sullivan as well as Le Corbusier form was a mere manifestation of functional principles including the practical considerations of use, material, and structure and not by a preconceived picture in the designer's mind. Born in 1856 Louis Sullivan, deemed by some to be the "father of modern architecture," is credited with the creation of a wide variety of structural masterpieces all of which subscribe to his archetypal...

Words: 923 - Pages: 4

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Loaf of Bread

...the moral dilemma the man must have been facing knowing that stealing is wrong, but also knowing that his family would starve if they were not given food.  I am reminded of my all-time favorite book “Les Miserables”, where Jean Valjean steals a loaf of bread for the sake of his starving family. He knows that stealing is wrong, however, his family will surely die if he does not get them food. He is a hard worker, but still is very poor and the only way to get food is to steal it. He faced an inner conflict regarding the decision to break the baker’s window and steal a loaf of bread but accepted the consequences of doing so because he knew that his sister and her children would die without food and as a result, served many years in prison due to his crime. In today’s society, stealing a loaf of bread will not send you to prison for multiple years, however, it does come with a stigmatism of being known as a thief. This is an inner conflict that the person stealing must accept. The family will deal with the shame of knowing their loved one had to steal for food, which brings a stigmatism to the family by the community and society as a whole.  Thieves are generally looked at as lower class people, poor, dirty, dishonest, and someone who you do not want to associate with. This can by a terrible judgment by the community and society altogether.  The family member who stole the loaf of bread may have been a well-educated person, upstanding in the community, but was dealing with the shame...

Words: 538 - Pages: 3

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Les Miserables: an Analysis

...Les Misérables By Victor Hugo An Analysis by Neyko Gelo L. Dela Cruz, 3-11 August 3, 2015   INTRODUCTION Victor Hugo Victor Marie Hugo, born on February 26, 1802, was a celebrated French author during the Romantic Movement and is best known for his poetry and his novels including The Hunchback of Notre-Dame and Les Misérables. His father served as a high-ranked officer in Napoleon’s army. Since it is against his mother’s wishes, Hugo married Adele, who was his childhood friend, only after his mother’s death in 1821. Hugo’s oldest daughter, Leopoldine, died of drowning when a boat overturned. He described his grief in his famous poem A Villequier. Thereafter, he continued writing poems about Leopoldine’s life and death, and it seemed like he never really moved on from the tragedy. Along with writing poems about the death of his daughter, he also started writing Les Misérables in private. After 17 years, Les Misérables was finally published in 1862. During his latest years, Hugo’s works focused on darker themes like God, Satan and death. Victor Hugo died in Paris on May 22, 1885 and received a hero’s funeral. Les Misérables Les Misérables is an epic novel, historical fiction authored by Victor Hugo and published in 1862. The novel takes place in 1815 until 1832 during the June Rebellion in Paris. Les Misérables talks about the lives of different characters, and in particular, the...

Words: 1430 - Pages: 6

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New South

...Associates. This commission was in Fort Wayne, Indiana for two of his High School friends (The Hanselmanns). The program was set to accommodate a family of 6: 2 adults and 4 children and without further known restrictions which let to many Architectural Intentions. The Hanselmann House is primarily designed as a white double cube with three layered facades. These three layered facades gave the transition between exterior spaces as well as a layering of the façade creating a complexity of form among these transitions. The house is divided into three floors and is mostly white with the exception of the use of yellow, blue, red, and a mural in the ground floor. The most important design principle for The Hanselmann House is the use of 4 of Le Corbusier’s Five Points. The Hanselmann House shows 4 Points through the use of pillars along the Southside of the home and with the elevation of...

Words: 332 - Pages: 2

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Title

...intro fashion ruling every domain of life, definition of "modern fashion" by Lipov lipovertsky, simmel.. GENDER Barthes in his attempt for a semantics of fashion in The System of Fashion, applies the economic system that is brought to the fore by Karl Marx and consisting three categories of production, distribution and consumption to a social institution: fashion. Thus he defines 3 states of clothing: real clothing, represented garment and the used garment. Real clothing is the when the raw material is used and the clothing is first produced as a prototype for its later stages. This real clothing then is provided with a symbolic mise en scène and becomes the represented garment. The image of the cloth performs a mimetic function as well as making the garment into a pleasing sight, or a pleasant arrangement. The used garment is the clothing after its purchase which usually doesn't satisfy the reasons that the represented garment was bought for. Barthes argues that clothes change their meaning and went under transformation at each of these stages. In the case of fashion, the system that Barthes proposes would reveal that these stages of production, distribution and consumption take place all at different locations hence are separated and can take place one after another, moving from one place to other and transform their meanings. However, in the case of architecture, these stages take place all at the same site. There is but one site. After the building is constructed...

Words: 1561 - Pages: 7

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Researching

...Impressionist Movement.  This renowned work of art which illustrates a view of the port of Le Havre in north-western France is considered to be one of Monet’s “most poetic expressions” of his engagement with France’s revitalization efforts after the Franco-Prussian War. Unlike other artworks of the time, the subject matter and specific painting techniques evident in Impression, Sunrise seek to transcribe the feelings initiated by a scene rather than simply rendering the details of a particular landscape.  This act of expressing an individual’s perception of nature was a key characteristic and goal of Impressionist art, and is a common motif found in Monet’s paintings.  While Impression, Sunrise and Monet’s artistic technique fell under harsh criticism at their outset, Monet’s masterpiece gave birth to a new movement and created a revolution in the world of art. Widely regarded as Monet’s single most famous painting, Impression, Sunrise was completed during the late nineteenth century in 1872.  The most significant aspect of the painting is its credit with giving the Impressionist Movement its name.  When the painting was first shown to the public in the L’Exposition des Révoltés—an exhibition independent of the Salon that was organized by Monet, Bazille, Pissarro, and their friends—many critics were extremely disapproving of the rebel group’s work, especially that of Monet.[2] In the April issue of Le Charivari, a critic named Louis Leroy judgmentally entitled his article “Exhibition...

Words: 2537 - Pages: 11